Violences religieuses

Publié le par Michel Durand

Parce Dieu est évoqué à propos des guerres (Dieu avec nous) et parce que l’intégrisme religieux instrumentalise la révélation divine, il me semble opportun de verser dans le débat de texte de Pierre Régnier écrit en 2001. Il sera suivi d’un autre texte écrit en 2007. Je ne partage pas cette opinion qui semble procéder d’une mauvaise perception de l’histoire d’un peuple à qui Dieu, par l’intermédiaire d’hommes, a révélé sa pensée. Mais, comme elle est abondamment répandue, on ne peut l’ignorer. Mieux vaut la mettre en débat, ceci, avec l’accord de l’intéressé.

Pierre Régnier se présente ainsi : « Aujourd'hui éloigné de la foi chrétienne je n'en suis pas moins toujours attentif et bienveillant à l'égard de toute recherche religieuse, et de tout engagement religieux. Aussi ne suis-je nullement préoccupé d'une quelconque revanche dans mes exigences fussent-elles très durement exprimées, envers les religions. C'est d'ailleurs d'abord, et avec une persévérance qui a duré des années, en m'adressant aux religions que j'ai essayé de faire prendre conscience de l'urgente nécessité de rejeter fermement et très officiellement toute conception criminogène de Dieu.
P. R. ancien militant de la JOC, du PSU et d'ATTAC, ancien secrétaire national, en 1973, du syndicat CFDT de la radio-télévision de service public, co-auteur du livre Le gâchis audiovisuel aux Editions Ouvrières en 1986.
Le Caravage, Judith


Pour en finir avec les violences religieuses
Texte de Pierre Régnier, 15 septembre 2001

 

Il y a des degrés dans la violence religieuse. Et l'on voit bien que, selon ses bases théologiques, le risque du passage à l'acte n'est pas le même. Le type de fanatisme engendré et sa capacité de nuisance -on le voit tout particulièrement dans le monde contemporain- dépendent de ces bases, de leur rapport au monde et à sa possible évolution, de la liberté laissée au croyant de s'y intégrer, fut-ce en y combattant pacifiquement ses valeurs dominantes.
Celles-ci, pour les croyants comme pour les autres, sont loin d'être satisfaisantes. Les valeurs démocratiques sont précieuses, on n'a pas trouvé mieux, il faut les défendre. Mais il ne faut pas se tromper sur leur nature. Elles ne sont que des moyens d'agir bien, elles ne sont pas le monde idéal. On peut même dire que, pour l'essentiel, la démocratie a accouché d'un piètre résultat : la domination, dans tous les domaines, de puissances financières, médiatiques, militaires et techniques. On est très loin d'une "démocratie L.E.S." (libertaire, égalitaire, solidaire) et la possibilité même de la vie sur la planète en est compromise. Partout, de mille manières la démocratie, formelle ou réelle, fait entendre ce révoltant message : les plus misérables peuvent attendre.
Il y a donc révolte. La forme religieuse que peut prendre celle-ci est parfois épouvantable. C'est évidemment une fausse solution et elle doit être combattue énergiquement. Mais il ne faut pas seulement la combattre dans ses effets et dans les organisations fanatiques qu'elle se donne. Il faut la combattre dans sa double cause : l'injustice de notre monde, la folle interprétation du monde "de Dieu" par ceux qui croient en lui, et plus encore par ceux qui croient pouvoir s'exprimer en son nom.
Si l'on a tant tardé à s'attaquer à cette seconde cause ce n'est peut-être pas seulement parce que les religions se sont enfermées, pendant des millénaires et jusqu'à maintenant, dans la triade paralysante divinisation – sacralisation - dogmatisation. C'est peut-être aussi parce que certains athées, qui devraient exiger qu'elles en sortent, se réjouissent secrètement qu'elles ne le fassent pas. Pour eux, piégées par les contradictions qu'elles ont elles-mêmes édifiées et dogmatisées les religions, à terme, "sont foutues", et leur athéisme alors est triomphant. L'athéisme n'est pas moins noble que la religiosité. Il doit être respecté, et sa libre expression partout protégée, mais cette forme d'attentisme, elle, ne me paraît pas respectable. Elle est en tous cas totalement inutile dans la situation présente. Je ne crois pas que les religions "soient foutues", ni que leurs contradictions soient indépassables. Je crois avoir montré par ailleurs que je suis resté plus proche de la démarche religieuse que du cheminement philosophique athée, mais ce n'est pas là l'important.
Encore aujourd'hui les religions justifient, cultivent, enseignent la violence religieuse, créant ainsi de dangereux schizophrènes. Pour en finir avec la violence religieuse il faut que cela cesse. Il faut exiger des religions qu'elles se rendent, dans l'interprétation de leurs textes sacrés, compatibles avec les droits de la personne humaine. Cette exigence ne doit pas être celle du monde athée contre le monde religieux, ni celle des religions les unes contre les autres. Elle doit être celle de tous les adeptes -croyants de toutes les religions, agnostiques et athées- de la communauté humaine tolérante, pacifique, égalitaire et solidaire.

Publié dans Bible

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E
Comme si les athées n'étaient pas sujets à la violence ???<br /> Et les saints, donc ceux qui ont le plus dans leur vie agis avec Dieu, en Dieu, sont tous des personnes pleines de bonté, agissant au service des autres, dans la plus grande sérénité et humilité. Des êtres de paix et qui propagent la paix autour d'eux... Vive la religion (ce lien avec Dieu) qui suscite de telles personnalités !
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