Exprimer ses convictions sur un mode discret et ouvert.
J’espère toujours que la 7ème biennale d’art sacré actuel pourra se tenir, sous l’égide de l’Église de Lyon, dans les vastes salles de l’église Saint-Polycarpe (Lyon 1er ). Les artistes
continuent à m’envoyer des demandes. Certes, l’exposition qui devait se tenir en 2008 n’aura pas lieu et rien n’est encore projeté pour 2009. Mais l’espoir demeure, tant la demande est urgente.
Espoir et espérance. L’Esprit éveillera de nouveau le soutien de l’Église.
En effet, les créateurs sont toujours en recherche d’espace pour montrer leurs œuvres à caractère spirituel et religieux. Cet après-midi encore, au téléphone, j’ai dû entendre les
regrets d’un artiste qui voulait exposer dans notre lieu habituel, Confluences, 1 rue Saint-Jean, Lyon. Il voulait ce lieu, et pas un autre, pour son caractère chrétien qui ne se découvre que
quand on regarde avec un peu d’attention. Visiteurs rapides, s’abstenir, vous ne percevrez rien.
Ce même jour je me suis rendu à la galerie Martinez où expose depuis le 24 novembre Pierre Buraglio. J’y ai appris que cet artiste, très lié aux dominicains de l’Arbresle –couvent du Corbusier- ne se prêtait pas facilement à toute exposition. Il refusa, par exemple, d’être présent à « la Chair et Dieu », parce qu’à son discernement, ce fut une opération trop « catho ». Il ne cache pas son attachement au Christ ; il est chrétien. Mais ce qui « sent le « catho » ah, non !
Sabine Gignoux, trace un portrait de cet homme que je trouve opportun de reproduite tant il montre bien la ligne que nous souhaitons soutenir avec les expositions de Confluences et de la biennale d’art sacré actuel dont, comme je le disais, je souhaite un rebondissement à Saint-Polycarpe.
Hasard ou Providence, Saint-Polycarpe se trouve au milieu du quartier des Pentes de la Croix-Rousse, élu, depuis quelques mois « centre numéro un de l’art contemporain ». De très nombreuses galeries s’ouvrent dans les rues entourant l’église.
La Croix, jeudi 22 novembre 2007
Pierre Buraglio, artiste, «ni neutre, ni péremptoire»
Le peintre, qui a répondu à des commandes religieuses, revendique une expression « ouverte» de sa foi
Elle est étroite, la porte où peut se glisser un artiste chrétien dans ce monde sécularisé. Le peintre Pierre Buraglio l'a souvent mesuré, lui qui a répondu à plusieurs commandes religieuses : à Paris, la rénovation de la chapelle près de Saint-Germain-des-Prés, la conception d'une grande croix de 15 mètres de haut pour l'église Sainte-Claire ou d'un oratoire interreligieux pour l'hôpital Bretonneau, à Lisieux, la décoration d'un oratoire du carmel. « Dans le milieu artistique où règne encore une tradition d'hostilité foncière à l'égard de toute religion en particulier le christianisme, je passe pour "un cul-bénit", s'amuse-t-il. Et dans l'Église, où l'art contemporain n'est pas bien perçu, je me heurte souvent à une totale indifférence, quand je ne passe pas pour un dangereux gauchiste. »
À 68 ans, l'homme s'en accommode. «Heureux, dit-il, d'avoir gagné en liberté avec l'âge et d'assumer ses doutes tandis que les athées, eux, me paraissent pleins de certitudes. » Après avoir frayé avec le groupe Support Surface et cherché à réduire la peinture à sa stricte matérialité -toile, couleurs, châssis-, après avoir même renoncé un temps à l'art dans la foulée de Mai 68 pour devenir simple ouvrier dans une imprimerie, il est revenu progressivement à la grande tradition de l'art et à la figuration, revisitant Giotto, Caravage ou Champaigne. « Je me suis rapproché de thèmes chrétiens vers 1976, alors que je n’étais pas encore sorti d'une grande crise personnelle par rapport à la religion. J'ai choisi ces sujets prétendument pour des raisons formelles », confiait-il à Jean-Luc Chalumeau à l'occasion d'une exposition à l'abbaye de Mondaye (Calvados).
Ayant renoué aujourd'hui avec la foi de son enfance, transmise par ses parents d'origine italienne, il avoue : «L'Évangile me nourrit. À chaque fois que l'on me donne l'occasion de me replonger dans les textes, je suis ravi. J'ai été récemment sollicité par des catholiques et des protestants pour illustrer le texte de Job dans un livre (1). Sa colère contre Dieu m'a plongé dans une réflexion profonde ... » Mais si cet artiste refuse la neutralité (« elle ne touche personne »), il se «donne pour règle de ne jamais être ni coercitif, ni péremptoire», ses convictions, il préfère les exprimer sur un mode discret et ouvert, qui respecte le questionnement du spectateur. Comme il aimerait peut-être qu'on accueille sa propre quête,
[1) Le Souffle à la surface, 12 artistes contemporains illustrent 12 textes de la Bible, édité par Éric Seydoux,
Ce même jour je me suis rendu à la galerie Martinez où expose depuis le 24 novembre Pierre Buraglio. J’y ai appris que cet artiste, très lié aux dominicains de l’Arbresle –couvent du Corbusier- ne se prêtait pas facilement à toute exposition. Il refusa, par exemple, d’être présent à « la Chair et Dieu », parce qu’à son discernement, ce fut une opération trop « catho ». Il ne cache pas son attachement au Christ ; il est chrétien. Mais ce qui « sent le « catho » ah, non !
Sabine Gignoux, trace un portrait de cet homme que je trouve opportun de reproduite tant il montre bien la ligne que nous souhaitons soutenir avec les expositions de Confluences et de la biennale d’art sacré actuel dont, comme je le disais, je souhaite un rebondissement à Saint-Polycarpe.
Hasard ou Providence, Saint-Polycarpe se trouve au milieu du quartier des Pentes de la Croix-Rousse, élu, depuis quelques mois « centre numéro un de l’art contemporain ». De très nombreuses galeries s’ouvrent dans les rues entourant l’église.
La Croix, jeudi 22 novembre 2007
Pierre Buraglio, artiste, «ni neutre, ni péremptoire»
Le peintre, qui a répondu à des commandes religieuses, revendique une expression « ouverte» de sa foi
Elle est étroite, la porte où peut se glisser un artiste chrétien dans ce monde sécularisé. Le peintre Pierre Buraglio l'a souvent mesuré, lui qui a répondu à plusieurs commandes religieuses : à Paris, la rénovation de la chapelle près de Saint-Germain-des-Prés, la conception d'une grande croix de 15 mètres de haut pour l'église Sainte-Claire ou d'un oratoire interreligieux pour l'hôpital Bretonneau, à Lisieux, la décoration d'un oratoire du carmel. « Dans le milieu artistique où règne encore une tradition d'hostilité foncière à l'égard de toute religion en particulier le christianisme, je passe pour "un cul-bénit", s'amuse-t-il. Et dans l'Église, où l'art contemporain n'est pas bien perçu, je me heurte souvent à une totale indifférence, quand je ne passe pas pour un dangereux gauchiste. »
À 68 ans, l'homme s'en accommode. «Heureux, dit-il, d'avoir gagné en liberté avec l'âge et d'assumer ses doutes tandis que les athées, eux, me paraissent pleins de certitudes. » Après avoir frayé avec le groupe Support Surface et cherché à réduire la peinture à sa stricte matérialité -toile, couleurs, châssis-, après avoir même renoncé un temps à l'art dans la foulée de Mai 68 pour devenir simple ouvrier dans une imprimerie, il est revenu progressivement à la grande tradition de l'art et à la figuration, revisitant Giotto, Caravage ou Champaigne. « Je me suis rapproché de thèmes chrétiens vers 1976, alors que je n’étais pas encore sorti d'une grande crise personnelle par rapport à la religion. J'ai choisi ces sujets prétendument pour des raisons formelles », confiait-il à Jean-Luc Chalumeau à l'occasion d'une exposition à l'abbaye de Mondaye (Calvados).
Ayant renoué aujourd'hui avec la foi de son enfance, transmise par ses parents d'origine italienne, il avoue : «L'Évangile me nourrit. À chaque fois que l'on me donne l'occasion de me replonger dans les textes, je suis ravi. J'ai été récemment sollicité par des catholiques et des protestants pour illustrer le texte de Job dans un livre (1). Sa colère contre Dieu m'a plongé dans une réflexion profonde ... » Mais si cet artiste refuse la neutralité (« elle ne touche personne »), il se «donne pour règle de ne jamais être ni coercitif, ni péremptoire», ses convictions, il préfère les exprimer sur un mode discret et ouvert, qui respecte le questionnement du spectateur. Comme il aimerait peut-être qu'on accueille sa propre quête,
SABINE GIGNOUX
[1) Le Souffle à la surface, 12 artistes contemporains illustrent 12 textes de la Bible, édité par Éric Seydoux,
Pierre Buraglio expose à partir du 24 novembre à la galerie Martinez, 28, rue
Burdeau, à Lyon 1er, et à partir du 1er décembre à l'Espace Carte-Blanche, rue du Chevaleret, à Paris (13e).