En avant-première, l'édito de Confluences
Je suis en train de mettre en pages le prochain numéro de Confluences. Cette revue, devenant un trimestriel, change profondément de statut. Je pense utile de vous donner à lire,
avant publication, le contenu de l'éditorial. Si cela vous dit de réagir, merci de le faire.
Ce numéro du désormais trimestriel de Confluences n’a pas encore obtenu sa forme définitive. Il s’en approche. Son ambition serait la rencontre nouvelle de lecteurs non
obligatoirement affilié à l’association « les amis de Confluences ». Tel était le statut de l’ancien mensuel. La disparition des abonnements liés au service catholique de la pastorale du tourisme
et des loisirs entraîne cette nouvelle donne.
Pour publier une revue atteignant un millier de lecteurs, je pense que des rapprochements avec d’autres réalités culturelles seraient le bienvenu. J’en connais au moins deux avec qui nous pourrions nous associer. Si je ne les cite pas dans cet édito, c’est tout simplement pour laisser complètement ouvert le champ de la liberté. Nous savons que les alliances ne sont jamais faciles.
Des excursions, voyages ou visites d’expositions que nous proposons, nous gardons toujours la conviction que la beauté édifie l’humanité. Celle-ci n’est pas coupée en secteurs hermétiques. Au contraire, une authentique symphonie relie entre elles, les actions du militant politique, caritatif et celles du plasticien. Les outils du peintre et du travailleur social diffèrent. Leurs engagements au service d’une amélioration de l’homme montre de nombreuses connivences. Avec des armes différentes, l’un et l’autre travaillent dans le même but : « (se) construire par la beauté ».
Les œuvres de Roger Garin, accrochées sous le titre « en marge » dans le mystérieux et superbe écrin de l’espace culturel Saint-Polycarpe, s’offrent aux visiteurs comme un signe providentiel : le doigt de Dieu, d’événements en événements inattendus, trace sa présence en incarnant son Verbe au milieu des nombreuses galeries d’art contemporain qui s’ouvrent sur les pentes de la Croix-rousse. Rencontre qui ne saurait qu’être fructueuse entre une volonté municipale « laïque » et une opportunité ecclésiale chrétienne.
Les œuvres de Roger Garin sont belles. Certaines personnes les trouvent majoritairement sombres, tristes. En effet, le cheminement qui conduit de l’ombre – « chemin de croix de SDF » – à l’éclat d’une résurrection, est long. Il passe par « Ecce Homo » et « sans papier » - une installation qui risque de n’être perçu par un regard inattentif que comme une immense surface de papiers collés au mur où dominent les gris et les noirs.
Sombre ? Triste ?
« Non, répond l’artiste dans le DVD que nous avons réalisé, mes œuvres ne sont pas tristes, elles sont graves ».
Belles et graves.
Le dominicain Lacordaire, fondateur en 1872 de la Société de Saint-Jean pour l'encouragement de l'art chrétien, très vite reconnue d'Utilité Publique, proclamait en chair : « la vérité s’arrête à l’intelligence, la beauté pénètre jusqu’au cœur. Elle est, dans tous les êtres doués de connaissances et de sentiments, le premier mobile qui leur donne l’impulsion »*.
Alors que les premiers théologiens (Pères de l’Église) ne se préoccupaient pas vraiment des expressions visuelles que les artistes donnaient au message révélé, depuis le IIe siècle, l’attrait pour un beau suggestif du salut obtenu en Christ, poussait les artistes à décorer les sépultures chrétiennes (catacombes) -nous en avons de nombreux témoignages-, les maisons-églises puis les basiliques ouvertes au culte chrétien.
Aujourd’hui encore, estime Mgr J.L. Bruguès, op., le discours officiel de l’Eglise ne se penche guère sur l’offre possible des arts plastiques*. Quand il le fait, c’est souvent en enfermant l’expression artistique dans le lieu cultuel. L’art liturgique, religieux, répond alors à une commande. Il est enchâssé dans un dogme qui brime la spontanéité du créateur or, celui-ci par sa créativité même a une parole forte à dire, un sentiment à exprimer apte à édifier le monde. En ce domaine, la « lettre aux artistes » de Mgr Ph. Barbarin, publiée dans « Jardins intérieurs »**, me semble être une extraordinaire exception.
Heureusement, des théologiens, bien que peu nombreux, posent des jalons. Dans ces colonnes de « Confluences », je vous ai certainement parlé de H. Urs von Balthazar et également de Jérôme Cottin. Selon eux, l’art ne peut s’enfouir dans un esthétisme qui couperait du monde. Il est révélation, en tout domaine, de l’essentiel.
*Voir nouvelle revue théologique 130/1
** Jardin intérieurs, Regard croisé sur l’art et la foi, Parole et Silence - DDB, 2007.
Pour publier une revue atteignant un millier de lecteurs, je pense que des rapprochements avec d’autres réalités culturelles seraient le bienvenu. J’en connais au moins deux avec qui nous pourrions nous associer. Si je ne les cite pas dans cet édito, c’est tout simplement pour laisser complètement ouvert le champ de la liberté. Nous savons que les alliances ne sont jamais faciles.
Des excursions, voyages ou visites d’expositions que nous proposons, nous gardons toujours la conviction que la beauté édifie l’humanité. Celle-ci n’est pas coupée en secteurs hermétiques. Au contraire, une authentique symphonie relie entre elles, les actions du militant politique, caritatif et celles du plasticien. Les outils du peintre et du travailleur social diffèrent. Leurs engagements au service d’une amélioration de l’homme montre de nombreuses connivences. Avec des armes différentes, l’un et l’autre travaillent dans le même but : « (se) construire par la beauté ».

Les œuvres de Roger Garin, accrochées sous le titre « en marge » dans le mystérieux et superbe écrin de l’espace culturel Saint-Polycarpe, s’offrent aux visiteurs comme un signe providentiel : le doigt de Dieu, d’événements en événements inattendus, trace sa présence en incarnant son Verbe au milieu des nombreuses galeries d’art contemporain qui s’ouvrent sur les pentes de la Croix-rousse. Rencontre qui ne saurait qu’être fructueuse entre une volonté municipale « laïque » et une opportunité ecclésiale chrétienne.
Les œuvres de Roger Garin sont belles. Certaines personnes les trouvent majoritairement sombres, tristes. En effet, le cheminement qui conduit de l’ombre – « chemin de croix de SDF » – à l’éclat d’une résurrection, est long. Il passe par « Ecce Homo » et « sans papier » - une installation qui risque de n’être perçu par un regard inattentif que comme une immense surface de papiers collés au mur où dominent les gris et les noirs.
Sombre ? Triste ?
« Non, répond l’artiste dans le DVD que nous avons réalisé, mes œuvres ne sont pas tristes, elles sont graves ».
Belles et graves.
Le dominicain Lacordaire, fondateur en 1872 de la Société de Saint-Jean pour l'encouragement de l'art chrétien, très vite reconnue d'Utilité Publique, proclamait en chair : « la vérité s’arrête à l’intelligence, la beauté pénètre jusqu’au cœur. Elle est, dans tous les êtres doués de connaissances et de sentiments, le premier mobile qui leur donne l’impulsion »*.
Alors que les premiers théologiens (Pères de l’Église) ne se préoccupaient pas vraiment des expressions visuelles que les artistes donnaient au message révélé, depuis le IIe siècle, l’attrait pour un beau suggestif du salut obtenu en Christ, poussait les artistes à décorer les sépultures chrétiennes (catacombes) -nous en avons de nombreux témoignages-, les maisons-églises puis les basiliques ouvertes au culte chrétien.
Aujourd’hui encore, estime Mgr J.L. Bruguès, op., le discours officiel de l’Eglise ne se penche guère sur l’offre possible des arts plastiques*. Quand il le fait, c’est souvent en enfermant l’expression artistique dans le lieu cultuel. L’art liturgique, religieux, répond alors à une commande. Il est enchâssé dans un dogme qui brime la spontanéité du créateur or, celui-ci par sa créativité même a une parole forte à dire, un sentiment à exprimer apte à édifier le monde. En ce domaine, la « lettre aux artistes » de Mgr Ph. Barbarin, publiée dans « Jardins intérieurs »**, me semble être une extraordinaire exception.
Heureusement, des théologiens, bien que peu nombreux, posent des jalons. Dans ces colonnes de « Confluences », je vous ai certainement parlé de H. Urs von Balthazar et également de Jérôme Cottin. Selon eux, l’art ne peut s’enfouir dans un esthétisme qui couperait du monde. Il est révélation, en tout domaine, de l’essentiel.
*Voir nouvelle revue théologique 130/1
** Jardin intérieurs, Regard croisé sur l’art et la foi, Parole et Silence - DDB, 2007.