Pour la reconnaissance massive des dits « sans papiers »

Publié le par Michel Durand

Le commerce maritime, d'abord entre les mains des Portugais, perturba les échanges terrestres caravaniers. Ports et comptoirs s'installant sur les côtes, les routes au travers des déserts perdirent de leurs influences. Leur déclin est lié à une nouvelle forme d'entreprise intercontinentale. C'était le début de la colonisation des terres du Sud par les villes du Nord dotées de pouvoirs financiers et politiques nettement supérieurs. La découverte des Nouveaux Mondes commence par un pillage qui augmente qui augmenta pouvoir et richesse des Occidentaux.

Esclavage, puis travail forcé favorisèrent économiquement les riches pays de l'hémisphère nord. Cela, nous le savons tous. Ce qui m'étonne, c‘est que ce lourd passé historique semble ne pas nous interroger.

Quel droit un européen aurait-il de se rendre en Afrique afin de s'y installer durablement sans partager avec les autochtones ?

J'ai entendu dire que, à l'époque de la colonisation, les terres non européennes étaient vides, ou presque, et que venir les exploiter n'était que bénéfice pour tous. Est-ce bien vrai ?

L'opinion affirme généralement que si les Européens étaient dans leur droit au tout début de la colonisation, aujourd'hui, il n'est plus possible de migrer hors de chez soi pour travailler afin de vivre décemment ou, au moins, mieux que sur la terres des parents. La terre est désormais occupée, trop occupée. Il n'y a plus de place pour n'importe qui, pour tout le monde.

Dans ce contexte, il n'est pas rare d'entendre que la France (on dit, maintenant, l'Europe) ne peut recevoir toute la misère du monde. Qu'un paysan européen, audacieux, quitte une terre ingrate n‘est pas perçu de la même façon qu'un paysan africain, audacieux, voulant quitter une terre stérile.

Deux poids, deux mesures.

Il me semble que le regard amnésique que nous portons sur notre histoire coloniale, prélude à notre industrialisation et enrichissement, éclaire la perception que nous avons actuellement des migrations économiques. « Les temps ont changé, on ne peut plus recevoir toutes les misères du monde ».

Quel droit avons-nous de nous protéger contre les immigrants après avoir été, pour notre confort économique, des émigrants ? Aucun, sinon celui de la force politique et économique. Pouvoir qui engendre incompréhension et guerre.

Que le problème de l'occupation de la terre soit complexe, je n'en doute absolument pas. Je ne doute pas davantage que la cause de tous les problèmes soit le maintien d'une injuste politique économique, d'un commerce international inéquitable. Et je n'ignore pas que, pour œuvrer à la solution des problèmes, je n'ai, encore en cet instant, rien fait qui puisse rapprocher d'une solution définitive.

Sacralisé, le libéralisme économique est de plus en plus vénéré alors qu'il faudrait entendre toutes les dénonciations qui lui sont adressées et agir en conséquence.

Enfin, soyons plus concrets.

Au-delà des discours prenons les problèmes à leurs racines.

-    le riche d'Europe ne peut garder pour lui seul ses enrichissements historiques.

-    Il ne peut que partager une terre qui appartient à tous.

-    l'appauvrissement des plus riches est inéluctable pour que le pauvre obtienne le nécessaire

-    l'accueil de l'étranger est un impératif moral basique

-    l'étude des dossiers des dits « sans papiers » au cas par cas, opérations procédurières aléatoires, ne peut être que source d'injustice.

Un nouvel art de vivre puisant à une source qui n'abreuve aucun colonialisme, ancien ou actuel, est plus que jamais nécessaire. Tel est l'appel de l'Evangile.


Publié dans Politique

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