L'horreur absolue : le téléphone portable qui sonne pendant la messe.
S'il y a bien un objet qui matérialise la bêtise de cette société décadente et matérialiste, c'est le téléphone portable. Il n'aura été nécessaire que de quelques années, qui se comptent sur les doigts d'une main d'un bûcheron, pour en équiper la quasi-totalité des Occidentaux. Pourtant, qui d'entre-nous avait réellement besoin d'un « talkie-walkie » en permanence sur lui ? Que d'intelligence déployée, et de vertus gâchées par des jeunes gens dans les agences de publicité pour persuader, non seulement les masses mais aussi la classe dirigeante, de l'utilité mais surtout du caractère socialement valorisant de la possession ce laid engin. Quelques utilisations utiles mais très marginales légitiment un déluge d'applications et d'acquisitions non seulement inutiles mais surtout nuisibles aux relations cordiales entres les êtres mais aussi à la préservation de la Création.
Demain, nos grands hommes d'industrie et de la finance inventeront un nouveau gadget imbécile. Les publicitaires se chargeront alors d'en écouler les réserves en aliénant au consumérisme et au mercantilisme toujours d'avantage les populations. A cette fin, Il suffira d'attiser les pulsions et les instincts les plus archaïques, les plus vils, les plus bas, que nous avons tous en chacun de nous, de faire régresser notre conscience et notre liberté. Notre jeunesse embrigadée dans les trusts n'a t-elle d'autre destin plus glorieux que de participer à cette œuvre de malfaisance ?
Que d'actes de goujateries n'ont pas été commis grâce ou plutôt « à cause » du téléphone portable. Des convives dont le téléphone sonnent lors d'un dîner et, pis encore, qui se lèvent de table pour téléphoner. Une voisine qui parle sans gêne dans un wagon. Le téléphone exhibé fièrement et vulgairement pour pallier à d'une existence sociale commune et construite au travers l'acquisition des derniers articles à la mode. Les esprits faibles ne savent non seulement pas y résister mais, en sus, ils s'en pensent valorisé. Ces cerveaux sans courage ne se recrutent pas seulement dans les classes défavorisées ; nous les trouvons aussi en nombre chez ceux qui n'ont aucune des excuses dont peuvent légitimement se prévaloir nos frères qui sont nés moins favorisés. Au théâtre, dans les lieux de cultures, la sonnerie d'un téléphone portable est encore plus odieuse. D'autant plus que les minus qui se prêtent à ce jeu y trouvent une façon d'exister socialement, souvent inconsciemment. Le téléphone portable sonne d'abord le butor qui sommeille en chacun de nous. On songe alors à ces esprits gras qui pensent virils et subversifs les sons de leurs concours de pets et de rots.
Mais le pire n'est pas dans ces lieux, respectables mais profanes, c'est à la Sainte messe. Ce temps de pause et de recueillement hebdomadaire est une hérésie dans notre triste contemporanéité ; des personnes qui se réunissent, chantent, prient, avec pour objet de leur culte : rien, ou si peu, ou plutôt tant ; ce souffle imperceptible sur lequel, esprits anachroniques et inadaptés à l'époque du philosophe Michel Onfray, ils veulent faire tenir leur vie toute entière. Ceux-là font le vide pour entendre Dieu. Quelle hérésie dans la société du spectacle et de l'agitation permanente ! Et là, tout coup, retendit le bruit de la sonnerie du téléphone portable. Un bruit abject qui exprime toute la laideur, la technophile, le mercantilisme, de cette époque marquée par le matérialisme le plus vulgaire. Osons l'affirmer : le son du téléphone portable qui sonne pendant la messe est un avant-goût des cloches de l'enfer.
D'ailleurs, pour que nous ayons des téléphones portables, de pauvres enfants y sont justement, aux portes de l'enfer ; ils forent dans des mines de la République démocratique du Congo ; le cobalt est un minerai indispensable à leur fabrication. A quoi bon se dresser dans une posture vertueuse contre l'esclavage si c'est pour ensuite se trouver mille bonnes excuses pour posséder ce bidule ? Pour faire fonctionner le téléphone portable, des centrales nucléaires produisent des déchets hautement toxiques, indéfiniment, qui salissent notre pauvre pays qui n'en demandait pas tant. En bout de chaîne, le téléphone portable s'ajoutera au déluge des déchets de la société industrielle qui polluent la Terre. N'est-il pas hypocrite de se désoler de la destruction de la France et de la Création tout entière si c'est pour considérer légitime pour soi la possession de cet objet que le sourire du Malin nous fait envier sur les affiches de publicité ?
Sommes-nous désormais si serviles face à la société des objets ? Nos esprits sont-ils rendus à ceux de laquais non seulement résignés à leur sort mais plus encore heureux de pouvoir être sonné en tous lieux et en toute heure ? Nous avons une trop haute conscience de la valeur que Dieu à donné à nos vies pour nous considérer de la sorte. Posséder un portable, c'est pécher contre Dieu en salissant la condition et la Création dont il nous a fait le don.
Dominique Collet