Communier avec les autres malades
Robert BEAUVERY
Lyon, juillet 2009
Aux Amis et Communautés qui s'associent à
mon séjour hebdomadaire, le vendredi,
au Centre anti-cancéreux Léon Bérard à Lyon
Ainsi qu'aux internautes inconnus.
Chers tous,
Mon état et mon combat m'ont rapproché de vous par le resserrement des liens humains déjà existants et des liens AUTRES qui relèvent de sources qui nous dépassent. Merci.
Quelques nouvelles:
1. AU TERME D'UNE LONGUE MALADIE....
Expression pudique, reçue, pour annoncer le décès d'une personne victime de cancer, laquelle est devenue, encore aujourd'hui, une maladie des plus pénalisantes et redoutées. Une maladie longue, sauf exceptions, avec des périodes de rémissions et de retours offensifs qui mettent à l'épreuve la résistance des patients et de leur entourage... Une maladie préoccupante avec les surveillances quotidiennes, les soins hebdomadaires, les examens réguliers... une maladie envahissante qui diminue la liberté du champ de conscience au point, dans certains moments, de ne plus penser qu'à elle à l'exclusion de tout le reste. Une maladie qui peut finir par trouver une place secrète dans le sub conscient du malade avec les interrogations, sans réponses, quant à la durée et à l'issue du traitement.
2. UNE THERAPIE SPIRITUELLE
Au Centre Léon Bérard, un espace spécifique lui est réservé, le lieu de culte inter-religieux auquel architectes et artistes ont réussi à donner une ambiance d'intimité, propice à entrer en soi-même, et une ambiance de transcendance, propice à sortir au-delà de soi.
A l'entrée, un cahier reçoit des prières de demandes, à travers lesquelles les patients expriment leur combat et le lecteur que je suis peut apercevoir des expressions recurrentes comme par exemple : l'expérience de la proximité de Dieu à leur vie ; la lourdeur parfois écrasante de la maladie ; l'appel à être secouru, réconforté, aidé, renouvelé dans le courage et la force pour la poursuite du combat ; le passage de la révolte face au mal, à l'acceptation de ce même mal, comme une nouvelle condition de l'existence, au point de pouvoir écrire : « mon cancer ! » « ma maladie » ; l'abandon total de soi entre les mains de Dieu : « Seigneur, je remets tout entre tes mains : mon cancer, ma séropositivité tout ; garde-moi en toi. Seigneur, fais le don de la vie à mon corps, à mon cœur, à mon âme ».
La thérapie spirituelle ne laisse pas dans l'ombre le mal, en lui-même ni les complicités personnelles avec lui ; mais elle invite le sujet à bien identifier le mal et les complicités éventuelles, pour les répandre devant Dieu, présent à tous les instants de la vie de ses enfants. Ensuite, il convient de poursuivre la lutte avec LUI soit jusqu'à la guérison toujours possible, soit jusqu'à la mort « au terme d'une longue maladie » que la foi peut encore éclairer : « Encore une journée où mon époux se dégrade, Seigneur, Marie, aide-le dans sa fin de vie »
CONCLUSION
Certes, il n'existe pas de lieu où l'homme ne puisse s'engager dans la thérapie spirituelle, la pneumathérapie, cf. Gn.28,17. Cependant, un lieu de culte, une chapelle, intégrés dans l'hôpital est un lieu privilégié, spécifique qui offre aux patients la possibilité d'une élévation non pas en dehors de soi mais au-delà de soi. Les Ecritures laissées sur le cahier permettent au lecteur d'entrer en fraternité avec leurs auteurs dans le jeu de la Communion des Saints. La thérapie spirituelle permet au patient non seulement d'entrer en relation avec Dieu mais encore en communion avec les autres malades..
Robert Beauvery