Présidentielle à vue multiples
L'analyse faite par l'Antenne sociale de Lyon me semble très pertinente. Je vous la communique. Certes, on aimerait plus de réponses que de questions, plus de pistes concrètes que de sujets d'étude, mais tel n'est pas la vocation de l'Antenne. Par contre, si vous avez des propositions à couleurs politiques... pourquoi ne pas les communiquer. On verra.
Note d’actualité
La Présidentielle, à vues multiples
Avant les législatives, le 23 mai dernier, l’équipe centrale de l’Antenne sociale a échangé sur la dernière campagne présidentielle au regard des valeurs qu’elle tente de vivre. Ceci autour des deux questions suivantes :
- Entre 2002 et 2007, quelles évolutions observons-nous sur la pratique politique et sur la réflexion politique des Français ?
- Quels sont les sujets incontournables auxquels nous devons prêter attention dans le contexte d’aujourd’hui ?
1 - 2002 – 2007, des évolutions sensibles
Nous reprenons ci-dessous quelques éléments ‘’en creux’’ qui ne mésestiment pas les commentaires élogieux faits par les hommes politiques aux soirs des élections.
Au plan du comportement politique
- Un grand intérêt chez les citoyens pour la campagne politique et les débats, qui ont situé sans complexe deux options différentes de société : autoritaire et libérale, consensuelle et sociale-démocrate.
- Une campagne présidentielle qui a été plutôt un catalogue programmatique ministériel et franco-français que la mise en perspective d’un dessein national. Il y manquait un peu de rêve et d’utopie.
- Une certaine recomposition du paysage politique : changement de génération d’hommes et de femmes politiques, poids électoral du centre qui rêvait d’être non aligné, volonté affichée de n’exclure personne…
- Une perte d’audience des partis petits ou extrêmes. Le candidat de l’UMP a réussi en 2007 ce que F. Mitterrand avait réalisé, dans les années 80, avec le PCF.
- Une faiblesse d’expression de la société civile, notamment du monde associatif, habituel rempart de la démocratie et protection contre les dérives ultra libérales.
- Une omniprésence de médias multiples –y compris sur le Web- débats amplifiés par la télévision du type « 100 questions à » ; des médias souvent affectifs, alignés, tièdes et peu provocants à la réflexion sur de véritables enjeux.
- Des débats franco-français qui manquaient de hauteur de vue et qui ont souvent oublié que la France est en Europe et dans le monde.
Au plan du discours
- La prise en compte de la démocratie participative : aller au contact des gens pour tenter de rassembler, avec des excès de populisme, de promesses multiples et démagogiques des candidats, d’affectivité délirante d’un public qui a ‘’besoin d’être rassuré’’.
- De nombreux appels incantatoires au dialogue –on voudrait y croire- qui rassurent passagèrement, mais cachaient mal une diabolisation des candidats, une organisation guerrière des grands partis, un archaïsme des rivalités.
- Une apparition de thèmes nouveaux : ouverture, identité, écologie, OGM… mais réserve prudente des candidats sur les mesures impopulaires nécessaires (exception faite pour les régimes spéciaux de retraite).
2 - Des points d’attention nécessaires pour un mieux vivre ensemble
En fonction des remarques ci-dessus ne sont sans doute pas représentatives de l’opinion française majoritairement exprimée, mais il nous semble nécessaire d’appeler à une exigence citoyenne, et, pour ceux qui la partagent, à leur responsabilité chrétienne.
Des questions de fond à approfondir
- Le rapport à l’argent et à son appropriation. « Enrichissez-vous. Devenez propriétaires. Vous le valez bien »… sont des slogans en vogue. L’argent et la course à la richesse semblent devenir la préoccupation principale et le rempart contre la peur de l’autre, des autres peuples, de l’avenir… comme si l’argent allait protéger des insécurités ‘’ressenties’’ de toutes sortes – et qui ne sont pas toutes matérielles. « Lorsque l’argent conquière le pouvoir, il devient vite totalitaire ».
- Les fondements des droits et des devoirs dont il a été beaucoup parlé. Qu’est-ce qui fonde les droits et les devoirs du vivre ensemble : des situations à gérer dans l’éphémère, des valeurs communes ? Dans une France multiculturelle et multireligieuse, quelles sont les valeurs communes à développer ? Quelle ‘’identité’’ commune à promouvoir ?
- Le mythe de la ‘’croissance’’ comme solution à l’emploi et au chômage : quelle croissance dans le contexte des impératifs écologiques de maîtrise de l’environnement et des effets de serre ? Croissance de l’avoir, croissance du savoir être , du savoir vivre…
- La pertinence de l’arme nucléaire, dont le nouveau président reçoit ‘’le code secret’’ : quelle efficacité stratégique, quel coût, quel avenir ?
- Une référence au ‘’bien commun’’ de chaque humain et toute l’humanité (voir encyclique Populorum Progressio 1967) semble en perte de vitesse sensible, au profit d’une individualisation des situations et des intérêts. Quelle perspective d’avenir dans cette direction et dans ce sens ?
Des préoccupations de relations internationales
- La mondialisation est un fait. La montée en puissance de la Chine, de l’Inde et du Brésil –entre autres– modifie la donne des échanges. Comment tenter de modifier cette mondialisation à caractère fondamentalement libéral où l’argent est roi ?
- Les relations à tisser dans l’espace méditerranéen, entre la France et d’autres partenaires, pour un meilleur équilibre Nord Sud.
- La politique de la France au sein de l’Europe, au sein des discussions de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) si elle veut véritablement permettre un co-développement, et aux agricultures du Sud de tendre à la souveraineté alimentaire.
Des attentions particulières dans la politique nationale
- Le statut et l’indépendance de la presse et des médias, dans une situation qui tend de plus en plus à la concentration oligopolistique dans les mains de quelques grands groupes, souvent liés à l’armement. Médias rempart contre le terrorisme ; médias entreprises de vente d’information ? Quel crédit leur accorder ?
- Qu’en est-il de la situation de ‘’mal logement’’ et des mesures pour y pallier… en attendant le prochain hiver et d’autres ‘’Enfants de Don Quichotte’’ ? Actuellement grand silence sur le sujet.
- Les relations financières entre Etat et associations – essentielles dans le vivre ensemble - : quels financements pour les soutenir dans leur fonction sociale ?
À l’heure où nous mettons en page ces réflexions, la campagne des législatives bat son plein ; autre moment de débats démocratiques. Le découpage actuel des circonscriptions – rurales et urbaines –donne un poids double aux unes par rapport aux autres : le poids démographique des circonscriptions va de 70.000 à 160.000 habitants ; ce qui n’est guère démocratique !
Bientôt, viendront les élections municipales qui engagent aussi le ‘’vivre ensemble’’ au niveau local. Nous vous proposerons alors d’autres ‘’Regards… pour comprendre’’. Bon vent !
- Entre 2002 et 2007, quelles évolutions observons-nous sur la pratique politique et sur la réflexion politique des Français ?
- Quels sont les sujets incontournables auxquels nous devons prêter attention dans le contexte d’aujourd’hui ?
1 - 2002 – 2007, des évolutions sensibles
Nous reprenons ci-dessous quelques éléments ‘’en creux’’ qui ne mésestiment pas les commentaires élogieux faits par les hommes politiques aux soirs des élections.
Au plan du comportement politique
- Un grand intérêt chez les citoyens pour la campagne politique et les débats, qui ont situé sans complexe deux options différentes de société : autoritaire et libérale, consensuelle et sociale-démocrate.
- Une campagne présidentielle qui a été plutôt un catalogue programmatique ministériel et franco-français que la mise en perspective d’un dessein national. Il y manquait un peu de rêve et d’utopie.
- Une certaine recomposition du paysage politique : changement de génération d’hommes et de femmes politiques, poids électoral du centre qui rêvait d’être non aligné, volonté affichée de n’exclure personne…
- Une perte d’audience des partis petits ou extrêmes. Le candidat de l’UMP a réussi en 2007 ce que F. Mitterrand avait réalisé, dans les années 80, avec le PCF.
- Une faiblesse d’expression de la société civile, notamment du monde associatif, habituel rempart de la démocratie et protection contre les dérives ultra libérales.
- Une omniprésence de médias multiples –y compris sur le Web- débats amplifiés par la télévision du type « 100 questions à » ; des médias souvent affectifs, alignés, tièdes et peu provocants à la réflexion sur de véritables enjeux.
- Des débats franco-français qui manquaient de hauteur de vue et qui ont souvent oublié que la France est en Europe et dans le monde.
Au plan du discours
- La prise en compte de la démocratie participative : aller au contact des gens pour tenter de rassembler, avec des excès de populisme, de promesses multiples et démagogiques des candidats, d’affectivité délirante d’un public qui a ‘’besoin d’être rassuré’’.
- De nombreux appels incantatoires au dialogue –on voudrait y croire- qui rassurent passagèrement, mais cachaient mal une diabolisation des candidats, une organisation guerrière des grands partis, un archaïsme des rivalités.
- Une apparition de thèmes nouveaux : ouverture, identité, écologie, OGM… mais réserve prudente des candidats sur les mesures impopulaires nécessaires (exception faite pour les régimes spéciaux de retraite).
2 - Des points d’attention nécessaires pour un mieux vivre ensemble
En fonction des remarques ci-dessus ne sont sans doute pas représentatives de l’opinion française majoritairement exprimée, mais il nous semble nécessaire d’appeler à une exigence citoyenne, et, pour ceux qui la partagent, à leur responsabilité chrétienne.
Des questions de fond à approfondir
- Le rapport à l’argent et à son appropriation. « Enrichissez-vous. Devenez propriétaires. Vous le valez bien »… sont des slogans en vogue. L’argent et la course à la richesse semblent devenir la préoccupation principale et le rempart contre la peur de l’autre, des autres peuples, de l’avenir… comme si l’argent allait protéger des insécurités ‘’ressenties’’ de toutes sortes – et qui ne sont pas toutes matérielles. « Lorsque l’argent conquière le pouvoir, il devient vite totalitaire ».
- Les fondements des droits et des devoirs dont il a été beaucoup parlé. Qu’est-ce qui fonde les droits et les devoirs du vivre ensemble : des situations à gérer dans l’éphémère, des valeurs communes ? Dans une France multiculturelle et multireligieuse, quelles sont les valeurs communes à développer ? Quelle ‘’identité’’ commune à promouvoir ?
- Le mythe de la ‘’croissance’’ comme solution à l’emploi et au chômage : quelle croissance dans le contexte des impératifs écologiques de maîtrise de l’environnement et des effets de serre ? Croissance de l’avoir, croissance du savoir être , du savoir vivre…
- La pertinence de l’arme nucléaire, dont le nouveau président reçoit ‘’le code secret’’ : quelle efficacité stratégique, quel coût, quel avenir ?
- Une référence au ‘’bien commun’’ de chaque humain et toute l’humanité (voir encyclique Populorum Progressio 1967) semble en perte de vitesse sensible, au profit d’une individualisation des situations et des intérêts. Quelle perspective d’avenir dans cette direction et dans ce sens ?
Des préoccupations de relations internationales
- La mondialisation est un fait. La montée en puissance de la Chine, de l’Inde et du Brésil –entre autres– modifie la donne des échanges. Comment tenter de modifier cette mondialisation à caractère fondamentalement libéral où l’argent est roi ?
- Les relations à tisser dans l’espace méditerranéen, entre la France et d’autres partenaires, pour un meilleur équilibre Nord Sud.
- La politique de la France au sein de l’Europe, au sein des discussions de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) si elle veut véritablement permettre un co-développement, et aux agricultures du Sud de tendre à la souveraineté alimentaire.
Des attentions particulières dans la politique nationale
- Le statut et l’indépendance de la presse et des médias, dans une situation qui tend de plus en plus à la concentration oligopolistique dans les mains de quelques grands groupes, souvent liés à l’armement. Médias rempart contre le terrorisme ; médias entreprises de vente d’information ? Quel crédit leur accorder ?
- Qu’en est-il de la situation de ‘’mal logement’’ et des mesures pour y pallier… en attendant le prochain hiver et d’autres ‘’Enfants de Don Quichotte’’ ? Actuellement grand silence sur le sujet.
- Les relations financières entre Etat et associations – essentielles dans le vivre ensemble - : quels financements pour les soutenir dans leur fonction sociale ?
À l’heure où nous mettons en page ces réflexions, la campagne des législatives bat son plein ; autre moment de débats démocratiques. Le découpage actuel des circonscriptions – rurales et urbaines –donne un poids double aux unes par rapport aux autres : le poids démographique des circonscriptions va de 70.000 à 160.000 habitants ; ce qui n’est guère démocratique !
Bientôt, viendront les élections municipales qui engagent aussi le ‘’vivre ensemble’’ au niveau local. Nous vous proposerons alors d’autres ‘’Regards… pour comprendre’’. Bon vent !
l’Antenne Sociale de Lyon
4 juin 2007
4 juin 2007
Voir René REMOND, La politique n’est plus ce qu’elle était, Calman-Lévy,1993.
Voir travaux de Patrick VIVERET, philosophe sur la société des trois D : drogue, domination, dépendance.