Alain Richard et les Cercles de Silence (CDS)

Publié le par Michel Durand

Alain Richard, Une vie dans le refus de la violence, le fondateur des cercles de silence, entretiens avec Christophe Henning, Chez Albin Michel.

Nous en avons déjà parlé, je pense.

Alain Richard, frère franciscain qui a inauguré à Toulouse les Cercles de Silence envoie cette lettre :


Chers amis des Cercles de Silence, vous serez peut-être étonnés du nombre de media  ayant parlé récemment ou parlant des Cercles de Silence, du Silence, de la non-violence et tout cela associé à mon nom, Alain Richard. Par exemple dans La Depêche de Midi du 1/1/2010 ; La Croix du 8/1/2010 (Voir ci-dessous) ; Témoignage Chrétien du  7/1/2010  et plusieurs radios ou téles.  Excusez-moi, mais il y en aura pas mal d’autres à venir. J’espère que vous n’en serez pas saturés !richard.jpg

Une des raisons vient de la parution le 7 janvier 2010 chez l’éditeur Albin Michel d’un livre d’entretiens que j’ai acceptés avec Christophe Henning, et dont le titre est  Une vie dans le refus de la violence. Sur la couverture c’est la référence aux Cercles de Silence qui a été retenue par le service de communication de l’éditeur. Peut-être aimerez-vous lire les 2 premiers chapitres qui effectivement traitent des Cercles de Silence.  Et si vous avez la patience et le temps,  peut-être que la suite vous intéressera aussi. J’ai essayé de répondre à des  questions sur mon chemin de religieux et de participant à des actions non-violentes sur plusieurs continents, où j’ai beaucoup appris de victimes très diverses, et de ‘géants de la non-violence’.

Vous aimerez peut-être savoir que je viendrai pour des présentations /discussions à Strasbourg (13 janv), Bordeaux (21 janv) , Paris (1er février),Toulouse (4 février) puis Nimes, Lyon, Agen  etc….. les détails devraient être sur un site tenu par l’Editeur, où vous trouverez aussi une video  de 4min30 .


Vous observerez certainement que plus que jamais j’ai grande confiance dans un comportement rigoureusement non-violent des Cercles, de leurs paroles et de leurs écrits, et dans l’écoute de sa propre conscience durant un véritable silence.

En faisant ainsi je vous souhaite beaucoup de joie en même temps qu’une énergie qui  vous permette de surmonter  les difficultés que nous rencontrons et rencontrerons.


Très cordialement.

Alain Richard

 

 

La Croix samedi 09/01/2010

Frère Alain Richard, franciscain (1) : « Quand les mots manquent, le silence devient un cri au-delà des cris »


Dans 150 villes de France, des citoyens de tous horizons participent, une fois par mois, à un Cercle de silence sur les places publiques. Le Frère Alain Richard est l'un des initiateurs de ce mouvement né il y a deux ans, dans le silence de la prière d'une fraternité de franciscains.

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Les Cercles de silence font du bruit alors même - ou peut-être du fait même - qu'ils s'enracinent dans le silence. Pourquoi ce paradoxe ?

F. Alain Richard : Les cercles de silence dénoncent l'enfermement des sans-papiers par l'État dans des centres de rétention administrative. Les moyens employés par les associations qui dénonçaient la systématisation du recours à l'enfermement ne semblaient pas porter puisque l'opinion publique soutient dans sa majorité la politique choisie. Religieux franciscains, nous avions quelque chose à dire, mais de manière différente. Le silence nous a semblé la meilleure manière de dire avec gravité que l'humanité des uns et des autres, celle des décideurs, de ceux qui soutiennent leur politique, comme celle des sans-papiers, est en jeu. Quand les mots manquent, ou quand ils ne sont plus entendus, le silence devient un cri au-delà des cris. Il permet de dépasser les mots.

Que signifie ce silence ?

Les centres de rétention sont à bonne distance du centre des villes. Croyants ou athées, hommes et femmes d'âges différents, nous nous rassemblons sur une place de centre-ville, au cœur de la vie des gens. À Toulouse, nous formons un cercle autour d'une lampe tempête qui est le signe de la présence des sans-papiers retenus dans le centre. Nous n'avons pas de message sur une banderole. Notre seule communication est celle de petits tracts que nous distribuons aux passants. Nous nous abstenons de témoignages ou de photos de sans-papiers expulsés pour ne pas être dans l'émotivité. Le silence appelle à aller plus profondément en soi-même et à écouter sa conscience. Seul à seul, face à soi-même, dans le silence intérieur, nous affrontons les questions dans toute leur complexité et alors, nous découvrons l'ambiguïté qui est en chacun de nous. Bien souvent, nous sommes touchés par l'atteinte à la dignité des sans-papiers et émus par leur sort, mais en même temps, nous avons peur qu'ils restent. Le silence amène à prendre conscience de ce manque d'unité et à essayer de vivre de manière plus cohérente, plus simple, comme dit François d'Assise, la simplicité étant l'opposé de la duplicité.

Ce silence est-il une fin en soi ?

Nous ne sommes pas là pour nous donner le sentiment d'accomplir une bonne action, mais avec l'espoir qu'il y ait de plus en plus de gens qui s'engagent pour que les mentalités changent, condition nécessaire pour que les lois évoluent. Mais cela dépend de chacun. Pour certains, vivre ensemble une heure en silence, ce n'est déjà pas mal. D'autres disent que vivre au Cercle de silence constitue une véritable expérience spirituelle personnelle. Des militants engagés auprès des migrants puisent dans cette heure de silence la force de continuer. Pour les uns et les autres, le silence est un lieu d'approfondissement, mais aussi un lieu qui invite à s'engager, à peser dans le débat national. Le silence appelle une parole.

Le croyant vit-il de manière particulière ce temps de silence ?

Celui qui peut prier prie et intercède auprès de Dieu en faveur des migrants détenus et pour que les décideurs écoutent aussi la petite voix de leur conscience. Mais dans le silence, il pressent aussi son impuissance. Il doit accepter d'y faire face. Nous n'avons pas de solution miracle à proposer. Mais nous avons l'espérance que Dieu nous guidera pour que soient trouvées des solutions les plus justes possibles, les plus dignes possibles, partielles puis de plus en plus globales. C'est l'impuissance de Jésus sur la croix, pieds et poings liés et néanmoins profondément actif et efficace à travers son amour. Nous avançons envers et contre tout, parce que nous croyons que tout être humain est sacré et depuis que le Verbe de Dieu s'est fait l'un de nous, que tout homme a quelque chose de divin. L'espérance qui fonde notre silence est aussi celle qui nous permet de nous engager, sans condamner personne, pour faire advenir le règne de l'amour et de la compréhension, ce que les chrétiens appellent le Royaume de Dieu.


Recueilli par Martine de SAUTO


(1) Vient de publier Une vie dans le refus de la violence. Entretiens avec Christophe Henning, Éd. Albin Michel, 266 p., 18 €.

 

 

Publié dans Politique

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