CONSOLATION
Jean-Marie Delthil :
Je n’avais pas encore lu le texte, le texte qui accompagnait cette photo – cette photo que j’ai d’emblée beaucoup aimé…
Un prêtre, dans ses bras : deux petites filles qui semblent être des sœurs… l’une pleure, l’autre non, et l’attitude de l’homme d’Église est toute empreinte de bonté, d’une joie intérieure également. Ensuite, donc, j’ai lu l’article, cet article (Moyen-Orient, Le calvaire des chrétiens de Mossoul) paru dans l’hebdomadaire La Vie (1 avril 2010, n°3370) qui nous fait mieux comprendre dans quelles conditions fut prise ce cliché : ce prêtre, le Père Mazen, vient de perdre trois jours auparavant toute une partie de sa famille, son vieux papa, deux de ses frères, froidement abattus chez eux, à Mossoul, par trois inconnus, à coup de revolvers. Trois jours. Sur la photo le prêtre est là, étonnamment calme, serein, il console ces deux petites, ces deux cocottes, belles comme tout, qui ont peut-être bien là perdu leur papa aussi dans l’événement, leur grand-père également… l’une, la plus petite, est encore couverte de larmes, l’autre est calme, ouverte au monde qui l’entoure et l’environne… Comme j’ai aimé et comme j’aime cette photo ! non par ce lien avec ce drame et l’indicible, mais par ce lien discret avec la vie qui s’en dégage ; la quiétude… Trois jours.
Jean-Marie Delthil. 8 avril 2010.