Faut-il encore parler de cette question du mariage pour tous ? On y cache des crises très graves
Je reçois encore des courriels qui me disent que c’est heureux de voir toute l’énergie déployée pour aborder un grave problème de société. Il est vrai, c’est « grave ».
Mais en même temps, avec d’autres, je souligne une tristesse. Un regret ; « celui de ne pas pouvoir observer autant de dynamisme pour la défense des personnes victimes du libéralisme ». Cela doit être la reprise d’une phrase que j’ai écrite.
Que dire du faible soutien apporté à des migrants dit « sans papiers » en grève de la faim depuis plus d’un mois. 200 personnes à Lille !
« Quelque 200 personnes se sont à nouveau rassemblées samedi après-midi à Lille pour marquer leur soutien à des sans-papiers en grève de la faim depuis deux mois, a constaté une journaliste de l'AFP. » Devant l’opéra à Lyon, une vingtaine de militants des Droits de l’Homme distribuait un tract à ce propos. « Faut-il mourir pour avoir droit à des papiers ? »
Les opposants au mariage gay, s’ils ont conscience que c’est (je cite) « le plus pur fruit du libéralisme, dont les victimes seront d'abord les « faibles des faibles », c'est-à-dire les enfants, pourquoi ne manifestent-ils pas massivement contre le système économique du libre marché ? Ils souligneraient que « le problème n'est pas tant l'homosexualité mais celui de l'écrasement par le matérialisme et le mercantilisme de l'altérité des altérités, celle entre l'homme et la femme ».
Et, pour m’effrayer, me faire peur avec humour (le correspondant doit savoir que je ne suis pas très porté à faire attention à Satan), il complète sa pensée : « en terme symbolique, c'est le triomphe du prince de la terre, le Diable, sur Dieu, l'immatériel. Cela me fait penser à cette phrase du très romain Lacan : « Dieu, c'est rien ». De la pure théologie négative. Je dirais donc que le « mariage gay » est le paroxysme de l'idéologie libérale directement pointé sur les plus faibles ».
Est ensuite recommandée l’intervention de Patrice de Plunkett sur ce sujet à Radio Notre Dame.
Peu de temps avant ce courriel, un autre courriel me fut adressé suite à une demande d’information sur la personnalité d’un homme qui dépose sur mon blog des commentaires bien pensés (c’est mon avis). Il signe du nom de Blaise, son vrai prénom. J’en parle ici parce que je pense que cela entre dans le même sujet : le monde technicisé d’aujourd’hui plonge dans la barbarie. Le refus de placer des limites conduit à l’aberration d’un progrès dénué de sens. Diplômé M2 en histoire de l’art de l’université Paris X Nanterre, il prépare le concours d’assistant territorial de conservation. Voilà ce qu’il m’écrit afin de m’éclairer sur la source de ses commentaires. « En tant que catholique, je me sens particulièrement concerné par deux séries de problèmes à mon avis étroitement liées : la vague de fond du libéralisme consumériste et "sociétal", ainsi que la "peur des barbares" qui se répand actuellement dans tous les secteurs de la société, y compris parmi les baptisés ».
Si les chrétiens purent répondre aux problèmes engendrés par la chute de l’Empire romain, affaiblissement moral interne et absence de dynamise intelligent pour répondre à la nouveauté étrangère, « barbare », venue de l’extérieur, il y a aujourd’hui encore beaucoup de chemin à faire pour obtenir la « révolution » de l’Ancien Monde capitalo-technocratique. Afin de le mettre en pratique, il faudrait pouvoir reconnaître qu’à la source des maux actuels, il y a l’emprise du capitalisme. C’est contre les banques, symbole du consumérisme, que nous devrions agir. Telle est la perspective du laboratoire de Chrétiens et pic de pétrole à l’Espace Saint-Ignace.
Dominique Bourg qui fait aussi cette comparaison avec la chute de l’Empire romain que les chrétiens sont arrivés à relever, se demande pourquoi aujourd’hui, alors que nous avons toutes les connaissances, l’avènement d’un monde nouveau ne se fait pas sentir.
En conclusion, je ne pense pas que les manifs pour tous contribueront au changement, car celles-ci ne semblent pas se situer au bon niveau, mais seulement à celui de la défense de biens individuels : jadis l’école (catholique), aujourd’hui…