Mettre le doigt là où des conversions, des révolutions sont nécessaires
Le regard que le pape François pose sur la crise est juste et nous sommes nombreux à nous en réjouir ; je l’ai déjà signifié. Il est opportun de reconnaître que le déséquilibre des revenus « provient d’idéologies promotrices de l’autonomie absolue des marchés et de la spéculation financière, niant ainsi le droit de contrôle aux États chargés pourtant de pourvoir au bien-commun. ». Il est clairement dit que « derrière cette attitude se cache le refus de l’éthique, le refus de Dieu. Tout comme la solidarité, l’éthique dérange ! » Et il n’est pas original d’affirmer que « l’argent doit servir et non pas gouverner ! Le Pape aime tout le monde : les riches comme les pauvres. »
Seulement, le Pape doit-il seulement « rappeler au riche qu’il doit aider le pauvre, le respecter, le promouvoir » ?
Non, il me semble qu’il doit faire plus. Il doit mettre le doigt là où des conversions, des révolutions sont nécessaires.
Pensons à l’époque du Père Chevrier, au milieu du XIXe ; il a fait son séminaire place Croix Paquet sur les pentes de la Croix-Rousse. Les mouvements sociaux
sont nombreux dans ce quartier avec, par exemple les canuts. Deux types de chrétiens se découvrent. Ceux qui soignent les méfaits du capitalisme industriel naissant ; certains vont
construire une chapelle à l’intérieur de la fabrique pour inciter les ouvriers à ne pas fréquenter les cabarets, une chance de bien travailler. D’autres vont instruire les travailleurs pour que
les causes des mauvaises conditions de travail soient éradiquées. Chrétiens qui font du social face aux chrétiens sociaux. Antoine Chevrier n’a jamais voulu entrer dans le système des
couvents-ateliers. Voir aussi ici à la fin de l'article,
Il me semble, malgré tout le plaisir que m’offre ce texte, que l’évêque de Rome n’ouvre pas encore sa porte aux études qui montrent les racines du capitalisme. Que veut-il dire avec cette phrase : « L’éthique - une éthique non idéologique naturellement - permet, à mon avis, de créer un équilibre et un ordre social plus humains ».
N’y a-t-il pas de l’idéologie en toute option ? Le mode de gouvernement de l’État du Vatican recevant des diplomates n’a-t-il pas un fonctionnement idéologiquement marqué par toute son histoire ?
« Le Pape appelle à la solidarité désintéressée, et à un retour de l’éthique pour l’humain dans la réalité financière et économique. » Pour se faire, il me semble qu’il serait bon de s’appuyer sur les penseurs qui ont réfléchi de longues dates aux problèmes économiques qui engendrent les pauvretés. Je viens justement de prendre connaissance d’un texte (La revue du Projet) de Florian Gulli digne d’illustrer ma pensée. Merci à celui qui me l’a communiqué. « Une grande partie du marxisme du XXe siècle définit le capitalisme comme une économie fondée sur la propriété privée des moyens de production. Le problème fondamental de ce mode de production est le suivant : une minorité organise de façon autoritaire la production et accapare la richesse produite. »
Il me semble que Jean-Paul II en son temps a recommandé de ne pas oublier les causes qui ont fait naître le marxisme.