La croissance verte est un mythe
La croissance verte accroît la dépendance aux terres rare
J'ai reçu ce texte qui me semble bon pour préparer notre prochaine rencontre "chrétiens et pic de pétrole", dans le cadre du laboratoire Espace Saint-Ignace. Hélas, j'en ai perdu toutes les sources.
En cette période festive et faste, alors que les gadgets dernier cri se vendent comme des petits pains, le sujet des terres rares revient sur la table. Mercredi
dernier, Le Canard Enchaîné consacrait un article très intéressant à ces minerais, produits à 97 % par la Chine, dont la particularité est d’être très difficiles à extraire et à raffiner tout en
étant extrêmement précieux car indispensables à la production de nouvelles technologies - ordinateurs, écrans plats ou encore téléphones portables. Leur utilisation s’avère tout sauf durable dans
la mesure où les stocks de ces dix-sept éléments sont finis et où leur extraction requiert toujours plus d’énergie - ces minerais étant de moins en moins concentrés - et s’effectue dans des
conditions écologiques et sociales désastreuses.
C’est pourquoi les associations écolos tirent régulièrement la sonnette d’alarme sur l’explosion de la consommation de produits high tech, et leur “obsolescence
programmée”, qui contribue à cet emballement et à la dépendance autour de ces matériaux. Mais là où le journaliste aborde un aspect moins traité et encore plus sensible, c’est lorsqu’il souligne
que les technologies vertes accentuent elles aussi la consommation de terres rares.
Et l’article d’égrener une liste de métaux indispensables au développement durable : le terbium est utilisé dans les lampes à basse consommation, le gallium
dans les LED et les cellules solaires à haut rendement, l’indium dans les cellules photovoltaïques ou encore le néodyme dans certains moteurs de voitures électriques et générateurs
d’éoliennes.
Le Canard Enchaîné conclut alors son article en citant l’ouvrage Quel futur pour les métaux ? que viennent de publier deux ingénieurs, Philippe Bihouix et Benoît de
Guillebon : “La croissance verte est un mythe : la course technologique et l’innovation créent un emballement de besoins en métaux, en particulier les plus rares, qui rend cette croissance non
durable.” Sans compter que pour ces scientifiques, si le recyclage peut freiner le gaspillage, il ne pourra pas inverser la tendance d’un épuisement de ces ressources.
Pour autant, à moins de choisir la voie de la décroissance, notre économie reste basée sur la consommation de ressources naturelles. La question est donc de savoir
si la croissance verte est davantage consommatrice de terres rares qu’une économie non respectueuse de l’environnement, notamment basée sur les énergies fossiles.
“Il est difficile de dire si ces industries dites vertes consomment plus de terres rares par unité de valeur que des industries considérées comme classiques.
Toutefois, il ne fait pas de doute que la croissance dans les industries “propres” sera l’un des principaux moteurs de l’augmentation de la demande de terres rares dans les années à venir”,
estime John Seaman, chercheur à l’Institut français des relations internationales, spécialiste de la politique énergétique en Chine et des terres rares.
Malgré tout, pour John Seaman, la question de la limitation de la consommation de terres rares s’avère aujourd’hui prématurée : “La transformation de notre
consommation énergétique est impérative et elle pourra se réaliser que par de nouvelles technologies qui augmentent l’efficacité énergétique de l’activité humaine et qui nécessitent des terres
rares.” Pour adopter de nouvelles méthodes de production énergétique, nous devrons donc “augmenter la production de terres rares à travers le globe d’une manière plus responsable, propre et
sécurisée et assurer une meilleure diversification dans l’approvisionnement de ces métaux, aujourd’hui concentrés dans les mains d’un seul pays”, estime le chercheur.