Palestine suite 2

Publié le par Michel Durand

Afin d’éviter les discussions abstraites sur la Palestine, j’ai le bonheur de vous communiquer ce témoignage de Monique.

Séjour en territoire occupé, Automne 2010 (11octobre/22 novembre)

La résistance dans les terres

partie 2 : Kafr Qaddum, Samedi 16 octobre 2010

La récolte des olives


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J'ai rejoint un groupe de volontaires sous la responsabilité dTWPS (international women's peace service) avec qui j'avais séjourné à Hares au printemps 2009. Nous sommes installées sur la commune de Kafr Qaddum proche de la colonie de Qedumim. Kafr Qaddum est un village de 4000 habitants environ situé entre Naplouse et Qalqilya ; la colonie de Qedumim compte 10000 habitants, elle s'est implantée en grande partie sur les terres de ce village, elle a coupé des routes d'accès entre le village palestinien et ses terres, ceux-ci doivent maintenant faire tout un détour en voiture pour s'y rendre, et la colonie continue de s'étendre.


Les terres où nous ramassons les olives sont près de la colonie de Qedumim et dès hier vendredi en fin d'après-midi des colons s'installaient sur une colline proche de la colonie et proche des terres où nous travaillions, une nouvelle colline dont ils sont en train de prendre possession de façon sauvage ; les militaires étaient là pour réellement nous chasser du secteur, prétextant soudain d'une déclaration de « closed military zone » sur ces lieux. Nous avions encore moins de légitimité, si l'on peut dire, d'être là, Palestiniens et volontaires internationaux !

En travaillant à cette récolte des olives, je comprends encore mieux comment les Palestiniens sur leurs terres, en-tout-cas pour les terres proches des colonies, sont indésirables. Normalement, d'après un jugement de la cour suprême israélienne, ils devraient pouvoir aller travailler leurs terres quand ils le veulent, excepté quand l'armée déclare une zone, même petite, fermée (« closed military zone ») ; mais dans ce cas là toutes les raisons de le faire ne sont pas autorisées (notamment, fermer ainsi une zone sous prétexte de protéger les Palestiniens de la violence présumée des colons) ; mais dans les faits les militaires usent de ce droit quand ils veulent, sans avoir de raisons à donner aux propriétaires des terres, usant aussi de leur pouvoir d'intimidation des Palestiniens.

D'autres réglementations plus ou moins légales, viennent cadrer le travail dans les terres... des distances par rapport aux colonies (moins de 500 mètres par exemple), avec des permissions à demander, des dates de démarrage de la récolte fixée par l'armée (ici c'est le 21 oct), puis des dates fixes et des durées selon les zones (un jour, quatre jours...Alors, ils démarrent quand même avant avec les aléas (être chassés ou non par l'armée). Tout cela est d'une grande complexité ; je perçois peu à peu ce fonctionnement, mais ce qui est sûr c'est que tout cela est fait pour les entraver, les décourager d'exploiter leurs terres, et les pousser à les abandonner.

Si des Palestiniens souhaitent notre présence, c'est sûrement pour eux un soutien, mais je ne peux en dire plus après trois jours de récolte sur la nature de ce soutien.

Il ne faut pas nous imaginer en protecteurs avec des boucliers, nous sommes là, avec eux, s'il y a des problèmes nous les partageons et notre présence doit sans doute limiter l'escalade, puisque nous sommes témoins.

Pas d'inquiétude à avoir, nous ne sommes pas seules, être là au milieu de plusieurs adultes d'une famille, c'est très chaleureux, on se serre vraiment les coudes, et puis il y a des journées où tout se passe bien.

Le travail est dur ; le soleil se lève vers 5 heures ; à 7 heures on est au travail, la chaleur monte vite, mais dès 15h ça décline, et nous arrêtons vers 16h30 ; avant 18h il fait nuit. Nous rentrons comme des charbonniers, couverts de la poussière des arbres que nous frottons avec des petits râteaux en plastique ou avec les mains pour récolter les olives.

Publié dans Palestine

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