«Pour qu’un monde nouveau surgisse, il faut d’abord que meure un monde ancien»
Jérôme Ferrari , Photo/ Le Monde
Lorsqu’il vivra l’effondrement de son propre corps, contaminé par la maladie, sentant la main du démon se dresser au fond de son ventre, Marcel connaîtra alors toute l’atroce souffrance et l’ignoble laideur de la fin d’un empire, en l’occurrence le sien.
Dans la préparation du dernier laboratoire de l’année : En lisant Jacques Ellul…
quelle société voulons-nous ? Henri m’a donné à lire le roman de Jérôme Ferrari, Le sermon sur la chute de Rome.
Depuis plusieurs mois, après avoir entendu Dominique Bourg établir une comparaison entre le pessimisme d’Augustin scandalisé du comportement des barbares d’Alaric et notre propre comportement, j’ai moi-même assez souvent développé ce parallèle disant que nous abordons une situation semblable. Comme les contemporains de Jérémie, comme les contemporains d’Augustin, nous ne voyons pas venir la nouvelle civilisation, donc nous ne voyons pas le bon chemin à prendre. Bref, je m’engage à relire les sermons de St Augustin sur la chute de Rome.
Elsa Pépin (trouvé sur internet) le 6 décembre 2012 écrivait :
« “Ce que l’homme fait, l’homme le détruit”. Ces mots, tirés du sermon sur la chute de Rome énoncé par Augustin en 411 pour expliquer que tant de malheurs s’abattaient sur Rome au temps des chrétiens, peuvent-ils apaiser nos angoisses contemporaines, témoins que nous sommes de la fin d’un monde où l’abondance des richesses et la loi du libre marché ne font plus fleurir le royaume du bonheur ? Leur écho ne peut en tout cas nous être plus ferme. Si tout le monde s’entend sur l’agonie actuelle de notre monde dominé par le néolibéralisme, personne ne sait vers où ira notre société malade après la fin. »
Le mal que nous dénonçons, saurons-nous le guérir ?
Et si ce mal n’était pas une maladie, mais la possession d’un être maléfique, d’un Satan qui domine le monde ? Non une figure symbolique, utile en littérature, mais un être spirituel bien réel ? Dans ce cas, nous aurions un ennemi qui se dresse objectivement devant nous, facile à combattre. Ouh ! Attention aux fondamentalismes nourritures des guerres saintes !
Voilà, j’ai tracé un plan de recherche. Continuons à lire et à méditer.
Et commençons par cette page clé de Jérôme Ferrari :
« Vous m'êtes chers.
Vous êtes mes frères et sœurs et je suis triste de vous voir ainsi affligés. Mais je suis bien plus triste encore de vous trouver sourds à la parole de Dieu. Ce qui naît dans la chair meurt dans la chair. Les mondes passent des ténèbres aux ténèbres, l'un après l'autre, et si glorieuse que soit Rome, c'est encore au monde qu'elle appartient et elle doit passer avec lui. Mais votre âme, remplie de la lumière de Dieu, ne passera pas. Les ténèbres ne l'engloutiront pas. Ne versez pas de larmes sur les ténèbres du monde. Ne versez pas de larmes sur les palais et les théâtres détruits. Ce n'est pas digne de votre foi. Ne versez pas de larmes sur les frères et sœurs que l'épée d'Alaric nous a enlevés. Comment pouvez-vous demander à Dieu de rendre compte de leur mort, Lui qui a livré Son fils unique en sacrifice, pour la rémission de nos péchés ? Dieu épargne qui Il veut. Et ceux qu'Il a choisi de laisser mourir en martyrs se réjouissent aujourd'hui de ne pas avoir été épargnés selon la chair, car ils vivent à jamais dans la béatitude éternelle de Sa lumière. C'est cela, cela seul, qui nous est promis, à nous, qui sommes chrétiens.
Vous qui m'êtes chers,
Ne vous troublez pas non plus des attaques des païens. Tant de villes sont tombées, qui n'étaient pas chrétiennes, et leurs idoles n'ont pu les protéger. Mais toi, est-ce une idole de pierre que tu adores ? Rappelle-toi qui est ton Dieu. Rappelle-toi ce qu'Il t'a annoncé. Il t'a annoncé que le monde serait détruit par le glaive et les flammes, Il t'a promis la destruction et la mort. Comment t'effraies-tu de ce que s'accomplissent les prophéties ? Et Il a aussi promis le retour de Son fils glorieux dans ce champ de ruines afin que soit instauré le règne éternel de la lumière auquel tu participeras. »
Ne pas se troubler !...
Mais, en 2011, dans un petit village corse envahi chaque été par des cohortes de touristes, un minuscule café pose les éléments d’un nouvel art de vivre libéré de toutes contraintes qui va conduire à la ruine. « Ce petit monde raconte, en miniature, le déclin de la civilisation occidentale, avec, en éclaireur, Augustin, qui nous rappelle que “Dieu n’a fait pour toi qu’un monde périssable”» (Elsa Pépin). Les auteurs de cette transformation ne maîtrisent rien de la situation qu’ils ont créée et Libero n’aimait pas ce qu’ils étaient devenus.