Quand je cherche à agir sur les causes des pauvretés, on me dit communiste (Don Helder Camara).
Il se trouve que, souvent, le discours de l’Église encourage verbalement à l’engagement politique par le biais, par exemple de grandes et belles déclarations, tout en ayant une parole et une pratique entretenant l’acte caritatif et la seule prière. Il me semble que c’est la peur du monde qui engendre cette attitude de replis à l’intérieure de l’Église. Agissant ainsi, les évêques porteurs de ce courant font le jeu des « laïcs » (au sens anticlérical) qui souhaitent réduire le christianisme au domaine du strict privé. L’un et l’autre enferment les brebis, le troupeau, dit « peuple de Dieu » depuis Vatican II, dans les sacristies. « Il est possible de ne laisser entrer « le monde » que sous la forme d’affirmations très générales condamnant la guerre, l’exploitation des hommes, l’oubli des affamés et l’incapacité des hommes politiques à faire régner la justice et la paix » (Jacques Lagroye).
Pour ne pas troubler les esprits catholiques, on laisse à la porte de la Communauté l’esprit d’analyse très précis et trop critique. N’est-ce pas de là que vient le vote très majoritaire des catholiques en faveur des parties conservateur de droite ?
Il y a une forme de religiosité (JMJ par exemple) où l’on met en scène un enthousiasme séduisant avec le sens de la fête, qui isole de la présence du Christ au cœur de quotidien. La recherche de Dieu dans l’émotion d’un pèlerinage coupe de la totale vérité de l’Évangile qui demande que l’Amour soit vécu dans le concret et l’engagement permanent. L’acte caritatif ou humanitaire, la prière, le désir de ne pas déstabiliser l’Église (je ne veux pas parler de politique, parce que cela divise), font, à mon avis que dans sa pratique, l’Église (institution) s’oppose à ses propres déclarations.
C’est à cela que je pense quand j’évoque la position de Rome vis-à-vis de la théologie de la Libération d’Amérique Latine. Nous connaissons ce que disait, en substance, Don Helder Camara : « Quand je donne à manger à un pauvre, on me dit que je suis un saint ; quand je m’efforce de comprendre d’expliquer les causes de la pauvreté, on, m’accuse de communisme ».
Cette façon de voir la vie chrétienne est ancienne. Elle divise l’Église depuis le XIXe siècle au moins en chrétiens conservateurs et progressistes. Ceux qui font du social en guérissant les maux de l’industrialisation, paternalisme de droite ; et ceux qui sont sociaux en œuvrant sur les causes des méfaits. Ceux-là sont dits de gauches. Mais, l’Évangile et les invitations officielles à l’engagement politique des chrétiens sont hors gauche ou droite.
Une émission de Radio de Daniel Mermet (France inter) sur Oscar Romero explique bien cet évangélique engagement à la suite de l’Évangile du Christ. Je vous invite à l’écouter. Voir ici ; faites un « clic » sur la première ligne et laissez aller l’écoute. Je remercie l’ami qui m’a fait connaître récemment ce site.