Pas de problème dans les périphéries pour trouver des magasins d’alimentation. Pour les livres, c’est autre chose

Publié le par Michel Durand

Pas de problème dans les périphéries pour trouver des magasins d’alimentation. Pour les livres, c’est autre chosePas de problème dans les périphéries pour trouver des magasins d’alimentation. Pour les livres, c’est autre chose
Pas de problème dans les périphéries pour trouver des magasins d’alimentation. Pour les livres, c’est autre chose
Me voilà depuis trois mois dans un nouveau quartier. Et je n’ai pas encore pris toutes mes marques. Il est vrai que les modes de vie entre lespentes de la Croix-rousse et le huitième arrondissement lyonnais (avenue Berthelot vers la place du Bachut ou le début du quartier des États-Unis) sont très différents.

Là-bas, les rues sont étroites ; les trottoirs minuscules. Ici, Tram, bus, voitures abondent et les trottoirs sont larges avec beaucoup d’arbres. Là-bas, on croise toujours quelqu’un que l’on connaît au moins de vue. Ici, on ne se bouscule pas. Il y a peu de monde sur les trottoirs qui offrent un aspect de vide. En effet, tous les immeubles possèdent dans leur sous-sol des garages. Deux, trois ou quatre niveaux. Par ascenseur, ayant laissé la voiture dans son local attribué, tu rejoins directement ton appartement, du moins 4 au plus 7, sans voir personne, ou rarement. Certes, si d’aventure tu rencontres quelqu’un, un sympathique bonjour sera échangé, avec en plus quelques rares mots : « vous êtes nouveaux dans l’immeuble ? Bonne soirée ».

Ayant lu de Jean Viard La société d’archipel, je me retrouve dans son étude qui montre que l’habitant d’un appartement prenant sa voiture pour se rendre au travail, va déposer les enfants devant leur école, acheter de quoi manger dans une grande surface dotée d’un parking souterrain, garer sa voiture dans les sous-sols de son entreprise, rejoindre son lieu de travail par ascenseur sans avoir rencontré personnes ou presque. Sens inverse pour le retour : bureau, ascenseur, parking, école, grande surface (parking, ascenseur), et enfin chez soi : parking, ascenseur, appartement. Il n’y a aucun problème si le parapluie a été oublié, il n’est pas nécessaire de marcher en extérieur.

Pour autant, ce schéma ne s’applique pas totalement à moi, car, à cause des rues étroites, des défauts de place pour garer son véhicule et du nombre important d’escaliers, j’ai opté sur les pentes de la Croix-Rousse, pour un mode de vie sans voiture. Plutôt que de m’en plaindre, je me trouve heureux d’avoir pris l’habitude des transports en commun. Heureux et léger. Tellement désencombré que je ne ressens pas le désir d’occuper le garage lié à mon appartement. Garage que je pourrais rejoindre en ligne droite verticale par ascenseur. Enfin, il me faut être honnête. Quand j’ai un vrai besoin de voiture : réunion nocturne au retour difficile à prévoir (il y a peu de bus la nuit ou les dimanches en direction des banlieues), j’opte pour une location de voiture. J’ai effectivement vu naître autolib, rue des Capucins, sur les pentes, à deux pas de l’église Saint-Polycarpe. L’ancienne petite association-entreprise des débuts siège maintenant dans les sphères de Lyon parc auto.

Donc, j’opte pour les transports en commun.

Ils sont utiles si je veux rencontrer une librairie, acheter des vêtements. Tout cela on le trouve dans le centre urbain. Mais, question nourriture, pas besoin d’aller voir ailleurs ; dans mon ancien quartier, je n’avais jamais vu autant de magasins d’alimentation. LDL, LDR, Casino, Franprix… sont à porter de mains. Multiplication, à deux pas l’une de l’autre, des grandes surfaces de produits pour la table exhibant des prix inconnus jusqu’à mon arrivée dans ce 8e arrondissement. Plus que moitié moins. Dans ces grandes surfaces de l’alimentation au cœur de la ville, il y a beaucoup de monde. Pour moi des inconnus. Sauf deux fois. Des anciens des Pentes de la Croix-rousse. On m’a dit alors « que les prix dans les quartiers historiques du 1er arrondissement montant sans cesse, il leur fut préférable de venir habiter ici ».

En fait, venir acheter du pain, des salades sans échanger deux mots, notamment avec la personne qui se trouve à la caisse, cela me paraît étrange. Je suis, dans cet espace, comme un étranger. Place Croix-Paquet, rue René Leynaud, rue des Capucins… toujours sur les Pentes, impossible de faire deux pas dans une rue, ou d’acheter des œufs, du pain… sans échanger des salutations ou donner quelques nouvelles ; autant dans la boutique de la famille tunisienne, tenue exclusivement par les hommes, que dans la chaîne Casino où gérants et gérantes sont attentifs à demander si cela va bien. Ils appellent leurs clients par leur prénom. Les clients répondent de même : bonsoir Alain !

Mais, pourquoi, dire deux mots à qui vient acheter de la nourriture ?

Un soir, alors que j’attendais patiemment mon tour à la caisse. Une employée est venue me dire que je n’étais pas obligé d’attendre avec seulement trois ou quatre choses à payer. Elle me dirigea vers un robot, m’en montra le fonctionnement. J’ai payé avec les pièces que j’avais sur moi et l’on me rendit la monnaie. J’aurais bien aimé aussi croisé le regard, du monsieur ou de la dame, qui aurait pu être présent si la machine n’avait pas pris son travail salarié.

La question habituelle du gérant de l’épicerie de mon ancien quartier me manqua : « alors cette année, c’est où les vacances ? Dans quel désert ?

Publié dans Témoignage

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J
Je viens de quitter le 8ième pour la Dombes. J'étais à côté du centre social Etats-Unis. C'est un quartier très vivant? La paroisse St Jacques super. Beaucoup de rencontres au marché couvert.Parc de Parillly. 10minutes en bus pour Bellecour-Perrache. Berthelot c'est différent à cause l'axe bruyant du tram. Bon déplacement. Jackus
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M
Il est vrai que le quartier des "Etats Unis" semble différent de celui qui est entre "jet d'eau et "Mairie du 8ème". En été, la vie doit être intense dans tous les grands espaces verts. Je verrai. Comment se vit la rencontre des français d'origine et ceux d'Algérie ? Il faut du temps pour découvrir un espace urbain de grande taille.
M
Bonjour Michel, <br /> <br /> Pour aller dans le sens de ton observation, je mets un lien vers la conférence d'un architecte que j'aime bien, et qui explique pourquoi ces paysages urbains sont de plus en plus froids. l'article premier de la loi de 1977 sur l'architecture dit que: &quot;l'architecture est une expression de la culture&quot;... c'est bien là le problème quand la culture se limite à un échange marchand. Bien à toi, Marc-Antoine<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=BSlI84-mLzE&amp;list=UUSiRRULrGACKUvFmjGZZD4A
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M
Merci Marc-Antoine, j'écoute cette conférence.