Le dialogue interreligieux dans de nombreux pays se présente sous la forme d’une nécessité vitale pour tous, bien que risqué
Joie commune non-conformiste ; souvenir du Prophète, de la naissance de Jésus sachant le péché de polythéisme
En premier, je lance un apple à qui peut traduire.
Je ne suis pas certain d’avoir tout compris et bien compris ce que j'ai pu entendre à ce sujet. Je ne lis pas l’alphabet arabe et je ne connais pas la langue ourdoue. Pourtant, risquant l’erreur je me décide à partager cette photo. Elle fut prise au Pakistan et m’est parvenue sur Facebook par, évidemment, des contacts du pays. Dans un pays où les tensions politiques demeurent vives à cause des différences religieuses, le dialogue interreligieux relève d’une nécessité première.
Nous voyons ici un imam relevant de l’école wahhabite couper un gâteau avec un prêtre. Cela eut lieu à l’occasion d’une fête réunissant beaucoup de monde dans une église chrétienne. On fête l’anniversaire de la naissance de Jésus et de Mohamed qui cette année s’est trouvée être le même jour.
Je n’ai pas reçu de commentaire sur l’engagement interreligieux du prêtre ; mais, on m’a fait savoir que l’iman, célèbre en son pays, a été critiqué par certains de ces coreligionnaires. Celui qui m’en a parlé a souligné son courage disant que c’est sur ce chemin que les responsables religieux doivent marcher en y invitant les fidèles de leur communauté.
Dans le même sens, sur un blog de médiapart, signé par Mohamed Louizi, je lis : Puisse Jésus-Christ et Mohammed célébrer leurs anniversaires ensemble : autour de la même "Bûche de Noël", autour des mêmes "Cornes de Gazelle" et surtout autour de la même "Prière pour la PAIX".
J’invite aussi à lire ici : le 24 décembre 2015, chrétiens et musulmans unis dans une commémoration religieuse réciproque
Approfondissons les dialogues avec les croyants de l’Islam.
La prise de parole de Christian Delorme, dans le quotidien La Croix, répondant à des questions d’actualité, trace le chemin d’une rencontre que nous pouvons sans cesse vivre en France. Je dis cela en passant aux portes ouvertes, de jour de plusieurs mosquées. Thé de la fraternité.
P. Christian Delorme, prêtre du Prado : « Il y a aujourd’hui deux France en souffrance » - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP
La Croix 7 janvier 2016
‣ Les responsables musulmans ont conscience que l’islam est perverti par la violence.
‣ Il est nécessaire de mieux accompagner l’intégration des musulmans de France.
Quel impact les attentats de 2015 ont-ils sur les musulmans de France, selon vous ?
P. Christian Delorme : Beaucoup ont le sentiment d’être victimes une fois de plus, le débat sur la déchéance de la nationalité pour les binationaux l’a confirmé. J’entends des musulmans dire : « On est des citoyens de seconde zone et on le restera. »
Une grande partie des responsables musulmans ont par ailleurs évolué sur le rapport des attentats avec l’islam. En janvier 2015, ils disaient : « Cela n’a rien à voir avec l’islam. » Depuis le 13 novembre, ils disent que l’islam contemporain est gangrené, perverti par la violence.
En janvier, tout en condamnant les attentats, beaucoup de musulmans ne se sentaient pas « Charlie », ne pouvaient pas soutenir des gens qui pour eux avaient blasphémé. Mais après le 13 novembre, beaucoup se sont dit : « N’importe qui peut être fauché par ces fous. »
Le vote de 22 % des électeurs en faveur du Front national aux élections régionales exprime-t-il une fracture vis-à-vis de l’islam ? ?
P. C. D. : À côté d’une France qui supporte la crise économique sans trop souffrir, qui a accès à la culture, qui tient un discours fraternel, je perçois deux autres France en souffrance.
- L’une est celle des petites gens qui ne trouvent pas leur place depuis vingt ans, qui ne croient plus dans la classe politique. Ils ne votent plus ou votent pour un parti populiste comme le FN. Je suis frappé d’y voir une présence importante des jeunes.
- L’autre est celle des gens d’origine musulmane qui vivent une ré-islamisation, un islam ostentatoire, plus ou moins wahhabite. Cette France-là décroche du reste de la société. Si, malheureusement, d’autres attentats étaient commis, on pourrait être confrontés à des épisodes violents, comme on l’a vu récemment en Corse.
Les responsables musulmans ont-ils les moyens d’agir sur l’emprise de l’islam wahhabite ?
P. C. D. : En effet, les pratiques de l’islam ont considérablement changé en cinquante ans. Sous l’influence des wahhabites mais aussi des Frères musulmans, on s’est éloigné de l’islam traditionnel, qui était en dialogue avec les sociétés.
Mais l’islam de France est pauvre en cadres. Les musulmans qui font des études poussées ne s’investissent pas dans le religieux. Le gouvernement a récemment signé des accords avec l’Algérie et le Maroc pour mettre en place des formations parrainées par les États afin de contrer le poids de l’islam wahhabite, qui a tout pénétré avec l’argent du pétrole. Je pense que l’islam des pays d’origine des musulmans français, l’islam du Maghreb, n’est pas un islam étranger.
Quelles évolutions positives pourraient être faites pour mieux intégrer les musulmans en France ?
P. C. D. : Ce qui sauvera la paix sociale en France, ce sont les familles musulmanes. Elles savent ce qui se passe dans les quartiers. Il faut leur faire confiance, leur donner plus de place. Des attentats ont été déjoués grâce à elles. Ensuite, il faut faire très attention à ne pas stigmatiser les musulmans, comme cela arrive avec le débat sur la déchéance de nationalité, car chez eux, le sentiment de ne pas être aimés est très fort.
Enfin, il faut avoir le courage de construire un grand récit national dans lequel ils soient intégrés. Les derniers manuels d’histoire ne donnent pas la place qui conviendrait aux histoires de l’immigration ni aux liens historiques que nous avons avec les pays issus de notre ancien empire colonial.
Recueilli par Christophe Chaland