Une psychologie élitiste génère des dynamiques de séparation, de cercles fermés qui conduisent à des actes narcissiques et autoritaires
J’ai lu avec grand intérêt l’article de Marie-Lucile Kubacki publiée dans l’hebdomadaire La Vie le 24 mai 2008. Sauf erreur de ma part, les réflexions abordées convergent avec ce que je pense. Voir des pages de ce blogue à ce sujet :
- interrogeons un rapport au sacré
- tout système clos idéalisé est un danger
- faire le point sur les affaires de pédophile
- dans la vie ordinaire de l’Église
- On a renforcé la sacralisation et le pouvoir du prêtre
- Alors que nous voulons vivre au plus près des gens
etc.
J’ai lu avec intérêt cette page de La Vie qui affine ma réflexion et méditation sur la place du prêtre dans la société, presbyteros et non sacerdos. Je note ce passage mettant en caractère gras ce qui attise ma réflexion :
C’est au terme de ce sommet à huis clos, qui s’est tenu à Rome du 13 au 17 mai, que les 34 évêques chiliens ont remis ensemble leur démission. Juste avant, le pape leur avait adressé un texte de dix pages dénonçant « l’existence de gravissimes négligences dans la protection des enfants vulnérables de la part d’évêques et de supérieurs religieux ». Entre autres, le déplacement d’un diocèse à l’autre d’abuseurs, le classement de plaintes sans la moindre enquête… Ce document secret, qui a fuité par la chaîne chilienne T13, ouvre une nouvelle page dans l’histoire de l’Église. Avec lucidité, le pape y écrit que le renvoi des évêques dont la responsabilité a été établie est nécessaire, mais « insuffisante ». Il fait notamment le lien entre l’abus de pouvoir et les abus sexuels, affirmant qu’à l’origine du scandale, il y a la tentation de l’institution de se croire meilleure que les autres : « Cette psychologie élitiste, écrit-il, finit par générer des dynamiques de division, de séparation, de “cercles fermés” qui conduisent à des spiritualités narcissiques et autoritaires où, au lieu d'évangéliser, l'important est de se sentir spécial, différent des autres, comme si ni Jésus Christ ni les autres ne comptaient vraiment. » Il ajoute : « Le messianisme, l'élitisme, le cléricalisme sont tous synonymes de perversion dans l'être ecclésial. »
Et j’ai lu avec un intérêt encore plus marqué la réflexion d’Isabelle de Gaulmyn parue dans le blog(u)e de La Croix dont je reproduis ici un paragraphe.
« L’institution, qui, pendant des siècles, a prétendu être la seule à détenir la vérité, a parfois encore du mal à jouer le jeu de la transparence, et à ne pas confondre communication et information. Certes, l’Église a beau jeu d’accuser des journalistes, de plus en plus éloignés de toute pratique, d’imprécisions, d’erreurs, face aux mille et une complexités d’une structure bimillénaire. C’est vrai, mais ce n’est pas une raison. Sur la pédophilie, combien d’entre nous ont dû faire face à l’hostilité de responsables d’Église, qui nous ont accusés de « rouler contre la religion », de « défigurer l’image du catholicisme », de remuer de vieilles affaires dont « on ferait mieux de ne plus parler… explique isabelle de Gaulmyn dans L’Obs.