Les paroisses risquent d’être des structures organisationnelles bureaucratiques plus soucieuses de se préserver que d'évangéliser
Hier, j’ai lu deux articles trouvés dans Vatican News qui m’ont bien fait plaisir. En effet, ils indiquent deux idées qui m’ont toujours paru essentielles.
La première est que la paroisse se doit d’être missionnaire, tournée vers l’extérieur des murs de son bâtiment église.
La seconde rappelle que pour bien connaître un quartier, la paroisse, il faut beaucoup de temps. Alors, même si les curés ne peuvent plus être inamovibles depuis Vatican II, il n’est pas bon qu’ils changent trop rapidement de paroisse. Ce n’est pas une nouveauté.
Le 28 octobre 1965, à Saint-Pierre de Rome, les évêques écrivaient avec Paul, évêque de l’Église catholique :
« Dans sa paroisse chaque curé doit jouir, en son office, de la stabilité que requiert le bien des âmes. En conséquence la distinction entre curés amovibles et curés inamovibles est abrogée et on révisera et simplifiera la manière de procéder à la translation et au déplacement des curés, afin que l’évêque puisse dans le respect de l’équité, aux sens naturel et canonique du terme, pourvoir plus commodément aux exigences du bien des âmes ». Voir ici.
J’ai eu la chance de bénéficier de cette stabilité, même si, à plusieurs reprises un proche de l’évêque venait me dire : « Michel, cela fait trop longtemps que tu es ici, nous devons songer à un changement. Tu n’as pas envie de voir autre chose ? »
Dans le document découvert hier, je lis
« Administrateur des biens de la paroisse et représentant juridique de la paroisse, le curé doit être nommé pour une durée indéterminée, car le bien des âmes exige la stabilité et implique la connaissance de la communauté et de sa proximité ». Il est également indiqué que si le curé ne peut plus assumer sa mission à cause de l’âge ou de sa santé, il a le «devoir moral» de présenter sa démission.
Dans les diocèses, l’habitude est souvent prise de nommer pour un temps déterminé : 3 ans, 6 ans, 9 ans. À Saint-Polycarpe (Lyon 1er), j’ai succédé à un prêtre qui n’est resté que 3 ans. Comment connaître les gens du territoire en si peu de temps ? Ce curé n’a-t-il pas été vu comme un fonctionnaire du culte ? Dans tous les cas, indique la présentation de ce document, il s’agit « d'éviter une conception fonctionnaliste du ministère ».
Le sens missionnaire de la paroisse est fondamental pour l’évangélisation. À ce niveau, les laïcs vivent une évidente coresponsabilité ecclésiale tant pour le service interne de l’Église que pour une sortie dans le quartier. Il se peut que l’accord avec ce qui est écrit ne soit pas totalement unanime ; mais, je vois dans ce texte un bon outil pour que la paroisse, Église locale, sorte de son enfermement structurel.
Suivre ce lien pour lire l’ensemble du texte daté du 29 juin 2020.
La paroisse
« La paroisse reste une institution incontournable pour la rencontre et la relation vivante avec le Christ et les frères dans la foi. Mais il est tout aussi vrai qu’elle doit être constamment confrontée aux changements qui s’opèrent dans la culture actuelle et dans la vie des personnes. Cela permet d’explorer avec créativité les voies et les moyens nouveaux qui lui permettent d’être à la hauteur de sa tâche première, celle d’être le centre moteur de l’évangélisation. »
Pour le responsable de la congrégation du clergé, le cardinal Beniamino Stella, la nouvelle Instruction de son dicastère découle de la nécessité d'orienter dans un sens missionnaire le renouvellement déjà en cours des structures ecclésiales. «Les paroisses ne doivent pas seulement penser à se protéger elles-mêmes, mais elles doivent pouvoir regarder au-delà de leurs propres frontières pour annoncer l'Évangile».
Voilà de quoi méditer afin de se mettre à l’action hors les murs.
« Le document souligne qu'il existe aujourd'hui un risque réel que les paroisses restent des structures organisationnelles bureaucratiques plus soucieuses de se préserver que d'évangéliser et les invite à être de plus en plus projetées vers de nouvelles formes de pauvreté. L’Instruction veut en particulier se mettre au service de certains choix pastoraux déjà engagés et expérimentés afin de contribuer à les évaluer et à les orienter dans un contexte plus universel, comme le confirme le cardinal Beniamino Stella, préfet de la Congrégation pour le Clergé :
«Dans le monde dit "occidental", il y a, d’une part, la rareté des prêtres qui est devenu une réalité objective. Mais il y a aussi le fait que les limites des paroisses ont changé : elles ont en quelque sorte "disparu". Aujourd'hui, nous voyons d’autres besoins : la mobilité est plus accentuée. Tout cela nous fait comprendre qu'il faut regarder au-delà de l'idée de la paroisse traditionnelle. Aujourd'hui, les gens se déplacent, ils vont à l'église du lieu où ils se trouvent. De nombreux projets de réforme des communautés paroissiales et de restructuration des diocèses sont donc déjà en cours. Il est cependant nécessaire que la norme ecclésiastique, qui doit réglementer ces restructurations, garde à l'esprit la sphère canonique de l'Église, qui a des dimensions universelles. Il est nécessaire que ces réformes ne soient pas dictées uniquement par le goût - je dirais presque "par caprice" - de personnes compétentes et expertes. Il est nécessaire qu'elles obéissent aux nouvelles exigences, mais aussi qu'elles prennent en compte une perspective plus large, qu'elles regardent l'Église dans son universalité…
Une méditation et réflexion à suivre…
La Congrégation pour le Clergé appelle les paroisses à vivre une «conversion pastorale»
Cardinal Stella: nous avons besoin de paroisses capables d'aller chercher ceux qui sont loin