Une analyse de l’image sacré au cours des siècles qui est témoignage d’une adhésion personnelle en un Père présent parmi nous dans le Fils
Je viens de terminer l’ouvrage d’Olivier Rey, Gloire et misère de l’image après Jésus-Christ.
En abordant cet écrit, je me suis immédiatement demandé comment ce mathématicien et philosophe avait pu aborder des questions relevant davantage de l’histoire de l’art chrétien. Oui, la variété des rédactions d’Olivier m’étonne toujours.
J’ai rencontré Olivier Rey la première fois en 2009. Il était invité par le groupe Chrétiens et pic de pétrole pour répondre au cours d’un colloque à cette question : Quelles ressources spirituelles pour faire face à l’épuisement des ressources naturelles ?
Voilà un propos bien différent de celui de l’art sacré ! Je place cet article en PDF, fichier joint, ci-dessous.
Quant à Gloire et misère de l’image après Jésus-Christ, voilà ce que nous lisons en 4e de couverture : la prolifération des images a pris, au cours du XXe siècle, des proportions extravagantes. Pour le dire comme Günther Anders : « Auparavant, il y avait des images dans le monde, aujourd’hui il y a “le monde en images”, plus exactement le monde comme image, comme mur d’images qui capte sans cesse le regard, l’occupe sans interruption et recouvre sans interruption le monde. » Ce règne des images et son corollaire, le désintérêt à l’égard du monde tel qu’il nous est donné, est aux antipodes de l’enseignement biblique dans son ensemble. Le christianisme a certes promu l’image, mais pas n’importe quelles images ; et s’il a recommandé les images, c’est en tant que celles-ci s’accordent à la prédication évangélique et servent à confirmer l’Incarnation, réelle et non fictive, du verbe de Dieu dans la personne du Christ. Autant dire que le déluge d’images qui s’abat aujourd’hui sur le monde n’a rien de chrétien. Et cependant, pareil déluge n’aurait pu advenir sans le statut accordé par le christianisme à l’image, sans l’enjeu dont il l’a lestée. Conjoncture étrange, dont seule une enquête généalogique est à même de dégager les traits, de révéler les tenants et les aboutissants. Le propos de cet ouvrage est, en mettant au jour certains fils enterrés, de comprendre comment a pu s’effectuer le passage entre l’image chrétienne et le raz-de-marée imagier contemporain.
Pour le quotidien La Croix, ce livre met en évidence le rôle du christianisme dans l’émergence d’une culture où l’image est très présente.
Bref, en abordant ce livre soigneusement imprimé je me suis dit que j’abordais un domaine totalement étranger à ce que je connaissais d’Olivier Rey. Je le trouvais, par exemple, bien loin du Testament de Meleville.
Ou de la réflexion sur sauver des vies ou sauver la Vie.
En fait, pour mieux connaitre le parcours d’Olivier, j’invite à entrer dans le blogue de Fanny Bijaoui.
De plus, pourquoi pas regarder cette vidéo :
De plus, si vous entendez l’italien et si vous avez le temps, vous pouvez suivre ce lien : La trinité est la forme d’un dieu d’amour.
Retour sur Gloire et misère de l’image après Jésus-Christ.
Je me demande pourquoi Olivier Rey, vu la variété de ses écrits, a désiré celui-ci.
Je l’ai lu avec beaucoup de plaisir tout en reconnaissant qu’une connaissance en histoire de l’art s’avérait indispensable pour suivre tous les méandres de sa pensée. Autrement dit, si je n’avais pas été invité à donner des cours intitulé Art et Bible, par des étudiants en histoire et en section tourisme alors que j’étais à l’aumônerie étudiante, je n’aurais pas été aussi bien préparé suivre les développements d’Olivier Rey. C’était dans les années 1980. La question de l’enseignement du fait religieux dans les collèges et lycées devenait d’actualité. Et, dans le domaine du tourisme, avec la Pastorale des réalités du tourisme et du temps libre, nous disions : nous ne cherchons pas à convertir les visiteurs, mais au mois à ce qu’ils comprennent ce qu’ils voient. Qu’ils aient l’intelligence du tableau. Les cours Art et Bible devenaient le Ba BA pour pénétrer le sens de la création artistique. Formant les autres en ce sens, cela m’a formé et j’avoue aujourd’hui que, sans ces nombreuses années d’enseignement je n’aurais pas autant apprécié l’ouvrage d’Olivier Rey. Tout ce qu’il écrit je le partage. Il va au fond de la réalité de l’image et la distinction entre Orient et Occident conduit à justement situé le problème de la création artistique contemporaine au service de l’Évangile.
Je cite page 263 : « on a évoqué l’équivoque du long mouvement de la peinture occidentale vers le naturalisme : ce qui a d’abord été une façon d’exalter le mystère de l’Incarnation est devenu, chemin faisant, une façon d’émanciper la peinture de toute référence à la transcendance. L’abstraction a, elle aussi, ses ambiguïtés… Kandinsky… et Malevitch… considéraient que l’abstraction, en art, n’était pas une façon de se détacher de la sensibilité immédiate au profit du concept ou de l’idée, mais, au contraire, une façon de s’adresser directement à la sensibilité. S’adresser à la sensibilité, la peinture ne l’a-t-elle pas toujours fait ? »
Aujourd’hui, dans la mission évangélisatrice, il me semble que les cadres de l’Église ne laissent pas assez de place à l’importance du sensible ou en laisse trop, ne voyant pas les méfaits que peut causer trop de sensiblerie.
Selon moi, pourquoi cet ouvrage ?
Je reviens sur le pourquoi de cette page. Qu’est-ce que je veux dire exactement en ayant présenté plus ou moins largement Olivier Rey évoquant la diversité de ses écrits ? Voir ici.
Il me semble qu’Olivier Rey en choisissant d’écrire sur la place de l’image dans le sacré chrétien et son enfouissement dans les images devenues artistiques souhaite dire aux lecteurs comment le mystère eucharistique compte pour lui. Dans ce texte, il nous communique son approche de la transcendance et du sacré. Il aurait pu rédiger un témoignage sur sa foi en Dieu qui se communique tant par des icônes que par le pain et le vin eucharistique ; il aurait pu exprimer son attachement direct à la Parole évangélique. Non, il me semble préférer l’analyse propre au philosophe qui, dans une description minutieuse, dévoile les causes profondes de ce qui est vécu et ressenti. Autrement dit, par ce texte, je perçois le témoignage d’une adhésion fondamentale à Dieu en son mystère.
L’homme en tout domaine refuse toutes limites (cohérence avec d’autres écrits) ; il se perd lui—même et passe ainsi à côté de sa vérité. De la Vérité. Il ignore sa dimension sacrée. Olivier, par cette étude du rôle de l’image sacrée, place le lecteur devant la réalité humaine. Acte de foi envers la transcendance et l’immanence de Dieu présent en son eucharistie. Mystère devant lequel nous ne pouvons que nous agenouiller.
Misère actuelle du sacré. « Le sacré n’est plus dans les figures à peindre, mais dans la figure de l’artiste » (p. 240).
Alors, je me sens invité à me prosterner devant le mystère divin rendu visible par le pain et le vin eucharistique et par les icônes ou images donnant à entendre la Parole.
L'homme sans limites est-il un produit du christianisme ? Olivier Rey*