Asséner une parole du haut d’une chaire sacrée ignore le vécu des uns et des autres et conduit à l’exclusion de qui n‘est pas dans la ligne
Avec cette page, je souhaite m’exprimer à propos des conférences de carême de cette année, 2021, à Paris. Elles sont prononcées par le père Guillaume de Menthière, curé et théologien. En voici la présentation : il donnera son enseignement pendant cinq dimanches. Voir ici
C’est une tradition de longue date. Les conférences de carême qui se donnent habituellement dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, mais maintenant à Saint-Germain l’Auxerrois, sont diffusées sur KTO-télévision, France Culture, Radio Notre-Dame. Une large audience, commente une personne qui ne cache son effarement d’avoir entendu et lu de tels propos dogmatiques.
En fait, si je songe à écrire sur ce sujet, c’est justement suite à ces « effarements » vécus par de nombreux chrétiens bien engagés dans l’Église au nom de l’Évangile.
Le cadre en est l’attitude de l’évêque de Paris par rapport au centre pastoral de Saint-Merry. Lire cette page et les divers liens qu’elle contient.
Hier, à l’issue de l’eucharistie dominicale, sous un pâle soleil sur la place devant l’église (voir la photo prise à un autre moment qu’une sotie de messe), Jean-Pierre m’a dit, ayant lui aussi été invité à lire ces conférences : « la situation est grave ; il y a concomitance de positions dogmatiques qui enferment dans le moralisme oubliant l’ouverture évangélique. Que l’évêque de Paris condamne la communauté de Saint-Merry est en phase avec le choix de ce conférencier. Il faudrait qu’on lise les cinq conférences et qu’on dise, écrive ce que l’on ressent. » Je le cite de mémoire et espère ne pas trahir sa pensée.
Oui, en à peine un mois il y a une concordance pastorale qui engendre beaucoup de trouble. J’énumère :
- Position de l’Église de Paris contre Saint-Merry
- les unions homosexuelles ne peuvent pas être bénies. Site du vatican.
Voir aussi ici;
Heureusement, certains évêques « dénoncent, le plus souvent, un texte blessant et maladroit ».
et ici
« La congrégation se fait « la contrôleuse de qui peut recevoir, ou non, la bénédiction de Dieu – cela est inadéquat et faux », a ainsi fustigé, mardi 16 mars, l’évêché de Saint-Gall, en Suisse, par la voix de son directeur du service pastoral, Franz Kreissl. « Il n’est pas permis d’exclure d’emblée un certain groupe comme “pécheur”, sans tenir compte de chaque individu concerné », poursuivait-il dans un communiqué publié sur le site du diocèse ».
- les conférences de carême de Guillaume de Menthière.
Avec ces prises de position moraliste, dogmatique, le trouble est jeté dans l’Église. Si Fançois parle d’une pastorale de l’écoute, d’autres clercs « haut placés » développent, assènent des discours moralistes, doctrinaux.
Toujours lu dans le quotidien La Croix, je cite ce passage :
« Que ce soit dans l’Église ou dans l’amour conjugal, « le véritable amour consiste à laisser l’autre exister, lui donner de l’espace », explique François Rose. Un chemin exigeant, pour « une pastorale qui écoute plus qu’elle ne dicte », ce qui peut expliquer le temps nécessaire pour « changer de logiciel ».
Résistances
Ce qui n’est pas sans inquiéter une partie des catholiques et a même poussé plusieurs cardinaux, par le biais de dubia formulés en novembre 2016, à partager leurs doutes sur certains passages de l’exhortation. Et la toute récente note de la Congrégation pour la doctrine de la foi s’opposant à la bénédiction des couples homosexuels vient contrarier l’ouverture d’Amoris Laetitia qui précise que « la route de l’Église est celle de ne condamner personne éternellement et de répandre la miséricorde de Dieu sur toutes les personnes qui la demandent d’un cœur sincère ». (n° 296)
Reste le fameux chapitre VIII d’Amoris Laetitia, « Accompagner, discerner et intégrer la fragilité », qui ouvre la porte à un accès aux sacrements « au cas par cas » pour les personnes divorcées et remariées. De leur participation au synode, Nathalie et Christian Mignonat gardent un souvenir ému : « On a pu dire ce que nous voulions de la souffrance des personnes. Mais aujourd’hui, l’exhortation a fait long feu… » Le couple ne cache pas sa déception face à un relatif immobilisme : « Certains diocèses ont développé un accueil des divorcés remariés, mais en demandant de ne pas trop ébruiter le cheminement qui pouvait mener à un retour aux sacrements », explique Nathalie.
Or, la démarche des personnes est inséparable d’une volonté d’accueil de la communauté paroissiale, ce qui n’est pas encore totalement acquis, « plus par ignorance que par mauvaise volonté ». Mgr Ulrich, qui a prévu une rencontre avec les prêtres de son diocèse pour recenser les bonnes pratiques, le reconnaît : « Sans doute n’avons-nous pas assez avancé. »
Je cite ce passage parce que c’est là que je vois une attitude pastorale qui tienne la route. Dans l’écoute de l’autre, vraiment autre, donc parfois difficile à comprendre, nous sommes loins de toutes formes de moralisme.
Guillaume de Menthière, du haut du sanctuaire de Saint-Germain l’Auxerrois, en vêtements liturgiques assène une parole sacralisée pleine de dogmatisme. Et que les fidèles chrétiens connaissent au moins leur catéchisme, celui de l’Église catholique ! Alors, ils auront le salut. Ils seront sauvés.
Je n’ai abordé à ce jour que la première conférence et ne pense pas avoir le désir de lire les quatre autres. Voir ici.
En bref. Ce conférencier propose « de présenter d’une manière nouvelle la doctrine chrétienne du salut ». À sa « sotériologie en 3 D. Le D du désir, le D de la Durée, le D de la destinée. Je lui suggère plus de lecture et de méditation de l’Évangile avec la quête en 3 E ; une sotériologie en 3 E : Évangile, Esprit-saint, Église.
« Connaître Jésus-Christ c’est tout, le reste n’est rien » disait Antoine Chevrier. « Celui qui a l’Esprit de Dieu a un grand trésor. C’est dans l’oraison qu’on apprend tout. Qu’on laisse faire Dieu. » En Église, « Aimer comme Jésus l’a fait ».