Si je comprends bien, pour que le français passe mieux, il faut le parler en anglais, c'est ça ? Parler du français en anglais. Original !

Publié le par Michel Durand

Si je comprends bien, pour que le français passe mieux, il faut le parler en anglais, c'est ça ? Parler du français en anglais. Original !

Souvent pour rendre plaisante une initiative, on utilise l’anglais, l’américain. Assistons-nous à un spectacle en directe, en vrai ? Eh bien non : c’est en live !

L’Église de Lyon pour plaire aux jeunes dira : Open Church ; etc.    

Employer le vocabulaire de cultures vraiment tournées vers un libéralisme sans limite, n’est-ce pas donner les gages de vivre de ce libéralisme, capitalisme éloigné de l’Évangile ?

Comment ne pas en avoir conscience ?

 

Un ami m’a donné à lire une fiction délirante, RE-VIVE L’EMPEREUR ! De Romain Puértolas.

La page 262 est une merveilleuse illustration de l’abus de l’anglais pour se faire comprendre des Français.

Pour bien entrer dans la lecture de cette page, voir la vidéo ci-dessous est bénéfique.

 

La Nouvelle Grande Armée au complet

 

Mamadou est noir ! lança Napoléon avec fierté lorsqu'il le présenta au reste de la troupe.

L'assistance le dévisagea.

- Je pense qu'il le sait déjà, dit Valentin. C'est pas Stevie Wonder.

- On ne dit pas noir, précisa Adeline.

- Nègre, alors ? rectifia le petit Corse.

- Quelle horreur ! s'offusqua la danseuse. On ne dit pas noir, et encore moins nègre, on dit black.

- Blaque ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Noir.

- Tu viens de me dire qu'il ne faut point dire noir.

- Oui, c'est pour ça qu'il faut dire black.

- Mais si cela veut dire noir !

- Oui, mais c'est de l'anglais, alors ça passe mieux ! C'est plus politiquement correct.

Les lèvres de l'Empereur se figèrent en un horrible rictus.

- C’est de l'anglais, alors ça passe mieux ! répéta-t-il, outré. Et pourquoi ça passerait mieux dans la langue de l'ennemi ?

- D’abord, les Anglais ne sont plus nos ennemis depuis longtemps, sauf à l'Eurovision, et puis l'anglais, ça fait style.

Elle avait prononcé ce dernier mot staïle.

- Ça fait staïle ?

- C'est de l'anglais. Ça veut dire stylé.

- Eh bien alors, dis stylé !

- Ça fait ringard.

- Alors si je comprends bien, pour que le français passe mieux, il faut le parler en anglais, c'est ça ? C'est pas mal, parler du français en anglais. Original ! Je suis peut-être ringard, mais vous avouerez que vous êtes sacrément tordus, quand même !

- C‘est pas moi qui ai lancé la mode. Va te plaindre à Pivot !

- Ou Maître Capello, ajouta Mireille, qui était un peu moins jeune.

- Vous en faites pas pour moi, intervint Mamadou. Je suis fier d'être noir. Pas de problème.

- Tu vois, dit Napoléon, sautant sur l'occasion, il dit qu'il est fier d'être noir, pas fier d'être blaque ! Ça veut rien dire, blaque. Merci Mamadou.

- Bon, quand vous aurez terminé votre conversation Bescherelle, dit Valentin, on pourra peut-être savoir ce que tu voulais nous dire.

- Je voulais vous dire qu'avec l'arrivée de Mamadou, notre armée est au grand complet.

L'Empereur jeta un regard paternel, fier et protecteur sur ses troupes. La Nouvelle Petite Grande Armée se composait dorénavant de cinq danseuses de french cancan (Charlotte, Peggy, Mirelle, Adeline et Hortense), d'un désossé (Valentin), d'un musulman Patriote (Rachid) et d'un ministre noir (Mamadou).

Les robes bleu-blanc-rouge, la djellaba épinard et l'uniforme vert et jaune donnaient des airs d'arc-en ciel qui illuminait un instant, à leur passage, les grises rues de la capitale.

 

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