Miséricorde, compassion... sainteté de Dieu
Je repense encore aujourd’hui au dialogue avec le moine cistercien rencontré cet été. C’était à Cîteaux.
Le moine est-il celui qui cherche à faire son salut avant tout ?
Les premiers compagnons d’Antoine Chevrier ne se pensaient pas capables d’êtres de bons prêtres. Ils ne se voyaient pas assez sanctifiés pour annoncer la Parole de Dieu, aussi rêvaient-ils de se rendre dans le cloître monastique, car, disaient-ils, il faut faire son salut avant tout. Ainsi dans la lettre Nº 153 :
« L'Abbé Duret, depuis plusieurs jours, me dit qu'il n'est pas capable de faire le catéchisme, qu'il faut faire son salut avant tout, qu'un homme n'est pas nécessaire à une œuvre aussi belle, que Dieu saura bien le remplacer. »
Poser ainsi la question du moine et du prêtre, de la vie contemplative face à la vie apostolique est-ce la bonne formulation ?
Pour répondre à ses collaborateurs, Antoine Chevrier disait que les prêtres devaient être plus saints que des moines parce que, dans le monde, ils donnent Dieu au monde :
« Vous êtes jeunes, chers amis, il faut penser à bien employer votre jeunesse parce qu’ensuite arrive l’âge de l’indifférence où le corps ne demande plus que les douceurs du repos et si on ne fait rien dans sa jeunesse, à plus forte raison dans sa vieillesse ; il faut que déjà vous aimiez à remplir les fonctions sacerdotales autant que le comportent votre âge et vos facultés ; il faut que vous sentiez déjà dans votre âme ce désir de devenir des saints afin de pouvoir sanctifier les autres, car pour sanctifier les autres il faut être saint soi-même » (Lettre 12).
Ce que je découvre à l’écoute du cistercien, c’est que l’ultime béatitude du moine, ce n’est pas la contemplation du divin, le bonheur de voir Dieu, mais la compassion. En fait, Dieu le révèle ainsi dans sa première révélation ; il ne veut ni sacrifices ni offrandes, mais la miséricorde où l’on voit le frère dans le malheur. « Cessez de m'apporter des offrandes, c'est inutile ; cessez de m'offrir la fumée des sacrifices, j'en ai horreur ; cessez vos célébrations de nouvelles lunes, de sabbats ou de fêtes solennelles, je n'admets pas un culte mêlé au crime » (Is 1,13).
La parabole du bon Samaritain peut servir de paradigme. (Luc 10, 25)
Prendre sur soi toutes les misères des hommes afin de guérir. Prendre sur soi, ou faire en sorte qu’il en soit ainsi. Le Samaritain donne de l’argent à l’hôtelier pour qu’il puisse prendre correctement soin de l’homme blessé par les bandits.
Ainsi est montré (et non démontré) l’amour de Dieu pour autrui.
Seul l’Amour de Dieu rend attentifs aux autres.
Tout chrétien doit être un soleil d’amour pour le monde entier. Miséricorde. Compassion.