Parabole du Prince et des deux artistes, l'un célèbre, l'autre inconnu.

Publié le par Michel Durand

91228_2.jpgUn jour, un artiste, encore peu connu, frappa à la porte d'un "homme d'Église " qui avait l'habitude d'organiser des expositions. Il voulait que celui-ci prenne connaissance avec son travail, espérant trouver auprès de lui un bon accueil. Son art est foncièrement spirituel, parfois religieux et souvent chrétien. Il explique que toutes ces qualifications sont délicates et avoue ne pas trop savoir comment les utiliser quand on lui demande de présenter ses créations.

Ce dont il est certain c'est que les galeristes ne veulent pas de ce genre spirituel trop marqué de convictions personnelles.

Son art semble excellent. Très fort. Personne ne peut rester indifférent devant lui.

Comme l'organisateur d'expositions le fait avec toute personne, il parle à l'artiste encore peu ou inconnu de la "Commission ". Celle-ci doit intervenir dans la décision d'une exposition, car il importe de se protéger des coups de cœur en s'efforçant de respecter divers critères, les mêmes pour tous, en essayant d'être le plus neutre possible dans les choix, afin d'éviter toutes formes de purs "copinages ".

La Commission se prononce en faveur d'une exposition de ses toiles.

Un plan de travail est alors dressé : communication, accrochage, contact presse et, bien évidemment, budget. Même si aucun argent n'est gagné avec l'art des exposants, il n'est pas question d'en perdre ; les moyens d'action que possède la Commission ne le permettent pas. Et, par prudence, le plus grand soin est pris pour expliquer que, si au XVIIe siècle, l'Église pouvait encore être mécène, il n'en est plus question aujourd'hui. Cela dit très clairement, le planning des tâches à faire est établi, des engagements pris, un accord signé.

 

Plus tard, bien plus tard, un artiste très connu dans le monde des arts contemporains se présente au Prince. Il souhaite être invité dans l'édifice le plus en vue de la ville. Son CV d'artiste est imposant. À chaque page on y voit ses entrées à la Drac (direction régionale des affaires culturelles), à divers musées d'art contemporain. L'État lui commande des œuvres monumentales notamment pour des églises construites avant 1905. De nombreux ouvrages présentent ses réalisations. Il n'a rien à prouver, dans l'art abstrait c'est un bon, un très bon. Le meilleur ? Mais, qui est le meilleur ? Est-ce celui dont le prix est élevé sur le marché ?

Le Prince, enthousiaste, accepte de le recevoir et présente son " invité " à ses serviteurs, lesquels, ne connaissant pas le monde des arts plastiques, demandent de l'aide. Alors, l'un d'eux convoque aux rendez-vous fixés l'homme d'Église, organisateur d’exposition qui avait reçu l'artiste peu connu. Hélas, aux deux premiers il n'est pas disponible et une grave question se pose à sa conscience : doit-il décommander ses engagements avec le pauvre artiste inconnu qui l'a contacté il y a longtemps pour être disponible à cette demande, à celui qui vient d'arriver ?

Il n'en est pas question ; aussi, notre homme d'Église sollicite l'un des serviteurs du Prince pour que l'on puisse opérer des consultations afin d'ajuster les agendas des uns et des autres. – impossible, Monsieur l'artiste est trop occupé, tout et déjà organisé, on ne peut pas revenir en arrière.

Première rencontre, deuxième rencontre… Le plan d'accrochage, d'abord prévu avec les moindres frais, change. Divers services officiels manifestent leurs exigences. Impossible d'agir sans en tenir compte. Les dépenses augmentent malgré les interventions de l'intendant qui s'efforce par tous les moyens possibles de limiter les frais. De toute façon, comme aucun budget n'avait été établi, l'artiste étant " invité ", il faudra bien régler les factures liées à l'accrochage des œuvres selon ses désirs.

 

Selon vous, entre ces deux artistes lequel aura la faveur de Dieu, Père-Fils-Esprit ?

Jésus ne dirait-il pas que celui qui est le plus petit, le plus humble, le moins connu obtienne la première place ?

Publié dans Art

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