Confinement sanitaire vu comme invitation à convertir nos modes de vie vers une ouverture à plus d’humanité pour protéger les plus faibles
source de l’image : « Laisse-toi entraîner, secouer, défier… Ouvre-toi »
François, l’évêque de Rome (le pape) le dit : « La rupture de la Covid a changé la donne, nous invitant à nous arrêter, à modifier nos routines, nos priorités, et à demander : que faire si les défis économiques, sociaux et écologiques auxquels nous sommes confrontés sont vraiment les différents visages d’une même crise ? Et s’ils avaient une solution commune ? Se pourrait-il que le fait de remplacer l’objectif de croissance par celui de nouvelles formes de relations ouvre à un autre type de système économique, qui réponde aux besoins de tous dans la limite des moyens dont notre planète dispose ? »
Préparant le prochain numéro de la revue pradosienne Quelqu’un parmi nous : « comment vivons-nous le confinement provoqué par la covid-19 », je partage à 100 % le ressenti de François. Il écrit : « Cette crise a fait naître le sentiment que nous avons besoin les uns des autres (…) que personne ne peut se sauver seul (…) que « nous pouvons commencer à rêver d’un changement réel, d’un changement possible ». Il dit aussi, contre les élites : « Il est temps, maintenant, que le peuple redevienne un sujet de sa propre histoire, se rassemble, entende l’appel de l’Esprit et s’organise pour le changement. » Oui, le temps est venu que les chrétiens (l’Église) se convertissent de nouveau pour œuvrer à « la gloire de Dieu et au salut du monde ». De nombreux témoignages qui seront publiés en février dans le numéro 244 de Quelqu’un parmi nous l’expriment ; ainsi : « même confiné, on peut passer à travers les gouttes de ces orages pandémiques et toujours avoir un œil sur la vie qui continue autour de nous et mettre sa pierre à l’édifice ». Songer efficacement à son voisin.
Dans mes lectures des conférences de Joseph Moingt, j’ai noté que l’Église ne sortira de sa crise que dans une ouverture vers l’ensemble de l’humanité. Elle est invitée à ne pas s’enfermer dans le culte, mais à s’ouvrir au monde, à répondre à ses attentes et besoins, comme Jésus le fit quand il prit les moyens avec ses disciples et apôtres de nourrir une foule immense. Voir l’évangile de ce jour.
Des catholiques revendiquent un droit à la messe. Qu’ils méditent cette parole de Jésus : « quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ». Qu’ils tendent la main à qui est dans le besoin. Les migrants, mais pas qu’eux en ces temps de récession économique.
Nous ne pouvons pas nier l’existence réelle de covid-19 et nous reconnaissons qu’existe aussi le danger « d’un virus de l’indifférence » à l’égard de tous les êtres brisés, marginalisés par le néo-libéralisme dont François pourfend « l’infâme théorie du ruissellement ».
Toutes ces idées, que je ne développe pas ici sont présentes dans le livre : « Un temps pour changer » du pape François en dialogue avec le journaliste britannique Austen Ivereigh.
Et je vous invite à lire la page de René Poujol qui en parle abondamment : François : une liberté de parole qui ne cesse de surprendre.
Dans le présent, que faire ?
Il me semble que toutes les réalités d’Église doivent se sentir invitées à associer à leur temps de prière eucharistique et à la prière des heures (prière du temps présent, bréviaire), des actions humanitaires, caritatives qui répondent aux besoins que rencontre actuellement l’humanité. Les demandes de dons se multiplient. Soyons généreux, solidaires, universellement fraternels. Bref, je reprends ici des idées que j’ai développé le 21 novembre
Le disciple du Christ agit pour la gloire de Dieu - prière de louange
et pour le salut du monde - mise en place dans son quartier, lieu de vie, d’œuvres humanitaires. Collaboration à ce qui existe déjà comme l’indique le témoignage d’une militante ACO* de la Croix-Rousse (Lyon) vivant à proximité du squat ex-collège Maurice Scève devenu Collège Sans Frontière :
« Pendant cette année, décidément pas comme les autres, il y a eu aussi ce que j’ai vécu et partagé au sein du squat du collège Maurice Scève, nommé aussi avec justesse, Collège Sans Frontière, vu la multitude de nationalités des jeunes migrants qui y vivent depuis deux ans.
Ces jeunes (plus de 300) des pays d’Afrique - certains très jeunes, encore des enfants - venus chercher en France, une vie meilleure, une vie plus libre, un paradis auquel ils voulaient croire… ces jeunes qui vivent là au quotidien dans des conditions tellement précaires, mais qui spontanément se sont retrouvés ici, comme dans leurs villages d’Afrique à partager leur quotidien et développer une grande solidarité entre frères comme ils aiment le dire.
Pour un meilleur fonctionnement de ce lieu pas comme les autres, certains d’entres eux (plus leaders) ont établis un règlement, et deviennent des responsables, des interlocuteurs.
Un bel exemple de l’amour du prochain de l’entraide fraternelle que l’on retrouve nommé dans nos évangiles.
Le groupe de soutien dans lequel je me suis investi, vient de tous les horizons chacun avec ses capacités, ses connaissances (accueil administratif, suivi juridique, médical, accompagnement pour les démarches, alimentation, école, apprentissage de la langue française, bénévolat ou travail, sport, hygiène, vêtements...)
Nous sommes là avec eux, pour eux, afin d’essayer de les aider à faire face à cet exil, à cette recherche et cette attente de bonnes solutions qui n’arrivent qu’exceptionnellement.
Se rapprocher de ce lieu, en ressentant le besoin d’apporter une présence. C’est aussi un quotidien de petites taches qui nous attend ».
Si je ne me trompe, voilà qui est œuvre pour le « salut du monde ». Bravo aux membres de l’ACO*.