Portés par l'espérance, les chrétiens d'aujourd'hui sont invités à revenir au Christ : c'est-à-dire à opérer une subversion de la subversion

Publié le par Michel Durand

Portés par l'espérance, les chrétiens d'aujourd'hui sont invités à revenir au Christ : c'est-à-dire à opérer une subversion de la subversion

 

source de l'image

Jacques Ellul, Exister c’est résister. Vu par Frédéric Rognon :

Je pense à cette page alors que je souhaite trouver un groupe de réflexion susceptible d’ouvrir l’ouvrage de Christoph Theobald, Le courage de penser l’avenir*. Certes, nous ne sommes absolument pas préparés à accepter la durée de l’expression d’Ellul. Il exagère pouvons-nous penser. Je pense néanmoins que, même s’il exagère, cela est important que l’on ose aller jusqu’au bout des interrogations. Christ est notre seul absolu. Devant le mystère de la résurrection, notre attitude n’est pas celle de l’espoir, mais celle de l’espérance. Nous ne pouvons voir, percevoir, que si nous nous laissons prendre par l’attitude de l’acte de foi.

L’espérance est la réalité centrale de la vie chrétienne (Moltamnn).

 

Frédéric Rognon.

Alors que la conception biblique de la politique de l'État n'est pas apolitique mais « antipolitique » et « antiétatique » (refusant de doter la politique d'une quelconque valeur et surtout d'idolâtrer l'État), à partir de la conversion de Constantin, l'Église s'est laissé séduire, trahissant ainsi son Seigneur qui avait refusé la tentation de Satan. Le texte « accidentel » de Romains 13 est devenu dans l'Église le texte absolu concernant l'État, justifiant toute violence. De persécutée, l'Église devient persécutrice, et se transforme en appareil de propagande au service de l'État : monarchiste sous la monarchie, républicaine sous la République, hitlérienne sous Hitler, communiste sous le communisme, ou soutenant le pouvoir montant pour ce qui concerne les théologies de la libération. Au Vatican, l'Église devient même un État, ce qui est la perversion suprême.

Pourquoi donc cette subversion du christianisme dans tous les domaines ? Parce que la Révélation est un scandale intolérable, non seulement intellectuellement mais socialement : sitôt que le christianisme est pris au sérieux, il devient « impossible de faire fonctionner une société ».  Mais l'Évangile n'est pas seulement insupportable pour la vie sociale, il ne peut être toléré par le cœur de l'homme : la grâce « ruine un fondement du psychisme humain ». L'homme a besoin de religiosité, de sacralisation, d'autojustification, de sacrifices, d'autonomie, de maîtrise de son salut, de certitudes, de stabilité, de sécurité... Comme les Hébreux au désert, il préfère tout subir plutôt que d'accéder à la liberté. Telle est la première source de la subversion du christianisme.

Mais la perversion du christianisme tient aussi aux puissances spirituelles, qui font de la terre un Enfer, détruisant tout ce que Jésus est venu apporter, brisant la relation de l'homme à Dieu et celle de l'homme à l'homme. Derrière toutes les formes de subversion du christianisme, il y a la main du diable : derrière l'argent qui a corrompu l'Église, derrière l'État qui a séduit les chrétiens, derrière le mensonge, la division et l'accusation, il y a le Prince du mensonge, le diviseur et l'accusateur. La subversion du christianisme a consisté à se laisser pénétrer, séduire et conduire par le Prince de ce monde. Les puissances ont remporté une victoire explosive contre le Saint Esprit, asservissant à leur grandeur la vérité même de Christ.

Et pourtant, Christ ressuscité est avec nous jusqu'à la fin du monde, le Saint Esprit agit dans le secret, l'Église naît et renaît sans cesse, non pas en tant qu'institution, mais en tant que corps de Christ. Et la Révélation trahie continue à se transmettre et à inspirer et transformer des vies. Dieu a posé des limites à la subversion de sa Révélation. Et lorsque la Parole de Dieu se fait à nouveau entendre, se produit une transgression de la transgression, une subversion de la subversion. La subversion porte immanquablement en elle-même sa propre subversion. Donc rien n'est jamais clos ni perdu : « Le christianisme ne l'emporte jamais décisivement sur Christ »144. Portés par l'espérance, face aux idoles techniciennes, les chrétiens d'aujourd'hui sont donc invités à revenir au Christ : c'est-à-dire à opérer « une subversion de la subversion de la subversion »…

Page 129-131

 

* voir ceci :

https://www.enmanquedeglise.com/2022/09/l-exception-humaine-disparue-avoir-une-theologie-qui-s-interesse-a-l-avenir-de-toute-l-humanite-et-a-l-ensemble-de-ses-ressources.html

 

Ou :

https://www.enmanquedeglise.com/2022/09/sur-quelles-ressources-spirituelles-nous-pouvons-compter-quand-l-humanisme-a-disparu-la-ressource-chretienne-theologie-de-l-esperance.html

 

Et

https://www.enmanquedeglise.com/2022/09/la-gratuite-manifeste-le-paradoxe-de-l-hospitalite.il-y-a-cache-dans-nos-experiences-d-hospitalite-un-relent-ou-ressort-de-gratuite-absolue.html

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article